Laure Adler explore les mille vies d’Agnès Varda |
Entretiens, témoignages, analyses… Laure Adler consacre cinq émissions foisonnantes à la cinéaste disparue en mars dans “L’heure bleue”, sur France Inter. Réjouissant.
« J’en ai ras le bol de moi, ça c’est sûr ; mais il semble que les autres, pas tout à fait », disait Agnès Varda dans un épisode de L’heure bleue diffusé sur France Inter à sa mort, le 29 mars. Laure Adler, amie de la cinéaste, a pris la décision de lui consacrer toute une semaine d’émissions dès le retour de l’enterrement (« joyeux », précise-t-elle) de la « grand-mère » du cinéma français. Et on se demande bien comment cinq émissions d’une heure suffiront à résumer la vie et l’œuvre de cette femme aux mille vies : cinéaste et photographe admirée, féministe de la première heure, artiste d’avant-garde (on se souvient d’une exposition dédiée aux patates en forme de cœur en 2003), gardienne de la mémoire de son défunt mari, Jacques Demy, Varda a eu toutes les casquettes. Elle restera à jamais la première réalisatrice à recevoir un oscar d’honneur et à apparaître (de façon posthume) sur l’affiche du Festival de Cannes. Laure Adler et son équipe ont choisi d’ouvrir et de fermer ce cycle en piochant dans les archives de l’INA des extraits d’entretiens donnés par la réalisatrice de Cléo de 5 à 7 depuis 1965. Inspiré par Jacquot de Nantes, hommage biographique de Varda à Demy, le réalisateur de l’émission, Lilian Alleaume, a voulu faire de ces deux émissions « un patchwork, à la manière de ce qu’elle était ».
Les autres émissions mélangeront entretiens analytiques de son œuvre et témoignages. Dominique Bluher, enseignante à l’université de Chicago, évoquera le positionnement de la cinéaste dans l’histoire du septième art et comment ses films résonnent dans le monde entier. Jane Birkin reviendra sur sa collaboration et son amitié avec la réalisatrice, qui l’a filmée à deux reprises (Jane B. par Agnès V. en 1987 et Les Plages d’Agnès, en 2008). Elle parlera de sa relation avec les actrices et de sa façon si singulière de filmer les femmes. Hervé Chandès, directeur général de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, abordera la dernière vie de cette « artiste visuelle », comme elle aimait à s’appeler, devenue plasticienne au début des années 2000.
Le programme devrait combler les fans de Varda comme les néophytes. « Son œuvre enthousiasme aujourd’hui les jeunes générations, indique Laure Adler. Elle n’a pas encore été estimée à sa juste valeur, et reste à découvrir. »