Podcast : sur France Culture, Renaud Van Ruymbeke, magistrat magistral |
Son nom est associé à une longue listes d’affaires judiciaires et de scandales d’État. Désormais retraité, le juge raconte dans “À voix nue”, sur France Culture, ce qui a forgé sa carrière et comment il porte, chevillé au corps, l’indépendance de la justice.
Boulin, Urba, Elf, frégates de Taïwan, Karachi, Kerviel, Cahuzac, Balkany… La carrière de Renaud Van Ruymbeke, c’est une liste d’affaires à donner le tournis. « Intransigeant, méticuleux, besogneux » : ainsi se qualifie lui-même le juge d’instruction, pianiste émérite, désormais retraité. Au micro d’Éric Lemasson (pour À voix nue, sur France Culture), il dit de façon posée les doutes, nombreux, et les blessures, fondatrices, comme la mort du ministre Robert Boulin qui, dans une lettre posthume dont l’authenticité est encore discutée, pointe la responsabilité du juge dans son suicide.
Son indépendance, portée en étendard jusque dans la tourmente de l’affaire Clearstream, se révèle intrinsèquement liée à son histoire familiale, celle d’un père haut fonctionnaire qui juge ainsi son choix de carrière : « Ceux qui condamnaient les résistants sont les mêmes qui ensuite condamnaient les collabos. » On est aussi surpris de trouver, dans ce point de vue unique sur l’évolution de quarante années de justice politico-financière, une certaine poésie, qui se marie très bien avec quelques accords de Debussy.