Podcast : Maïa Mazaurette, son bouleversant adieu à l’être aimé |
Connue pour ses “Burne out”, chroniques décoiffantes sur les sexualités, la journaliste livre dans le premier épisode de “Traverse”, sur France Inter, un poignant récit de deuil qui inaugure une série de podcasts autour d’histoires intimes.
Maïa Mazaurette n’a jamais eu peur de mourir, et maintenant moins que jamais. Elle effeuille la mort dans sa nudité la plus crue pour Traverse. C’est une surprise pour les familiers de Burne out (sur France Inter), sa pétillante chronique sur les sexualités, passée en février de la cour de récré de La bande originale — où fusaient les questions absurdes des auditeurs — à l’émission plus sociétale d’Ali Rebeihi, Grand bien vous fasse ! (le mardi à 11h45). Car c’est avec une histoire d’amour post mortem bouleversante qu’elle inaugure la nouvelle collection de podcasts d’Inter, Une histoire intime. Une série où la mort se raconte avec recul et délicatesse, pour mieux apaiser les vivants.
Sept ans déjà, explique-t-elle, que son fiancé est mort, foudroyé par un arrêt cardiaque au milieu d’un champ de lavande. Soren avait 29 ans. « Rappelle-toi que tu n’es pas morte, prends des notes », lui écrit alors son éditeur. C’est précisément ce qu’elle fait, n’occultant aucun détail, aussi dérangeant soit-il. Au-delà de la sidération et du chagrin, elle se heurte de plein fouet aux diktats de l’administration : « Entre la passion française pour la bureaucratie et le souci du droit des personnes à disposer de leur corps, on se sent comme dépossédé de la mort », explique Maïa Mazaurette.
Un pasteur se montre particulièrement bienveillant et, bien que les veillées nocturnes et solitaires soient interdites, accepte de lui confier les clefs de la crypte où repose le défunt — après qu’elle a promis de ne pas se suicider ni d’incendier l’église. Sa voix fluette se fait caressante quand elle décrit cet ultime tête-à-tête avec son fiancé : « J’allume une bougie, sers un verre de vin à Soren, je mets sa musique préférée et on regarde l’épisode de la série qu’on n’avait pas fini. Je l’embrasse, le maquille, le recoiffe. Le reste du temps, je parle beaucoup. » Les mots réparent et laissent la place à l’émergence d’une formidable pulsion de vie, qui ne l’a plus jamais quittée. À présent, Maïa a 42 ans. « Sept ans, c’est le temps qu’il faut pour régénérer ses cellules, rappelle-t-elle. J’entame un nouveau cycle de sept ans, plus aucune cellule de mon corps n’a connu Soren, le dernier lien physique s’est dissous mais ça fait longtemps que mon deuil ne me contraint plus à rien. Ceci n’est pas une histoire triste. »