Podcast : Germaine Berton, la femme qui a voulu assassiner Maurras |
Coupable d’un meurtre commis en 1923 dans les locaux de l’Action française, la militante féministe et anarchiste a vu son geste privé de tout caractère politique par la presse de l’époque. Qui s’intéressait davantage à la coupe de cheveux de cette “femme déviante”.
En janvier 1923, la militante anarchiste et féministe Germaine Berton entre dans les bureaux de l’Action française pour y tuer Charles Maurras. Elle tombe finalement sur son secrétaire, Marius Plateau, et l’abat d’une balle dans la tête. Comment la presse rend-elle compte de ce crime en particulier, et des meurtres quand ils sont commis par des femmes ? La question est posée par Thomas Baumgartner dans le premier épisode de Série noire à la une, podcast mensuel passionnant qui analyse le traitement médiatique du fait divers depuis trois siècles.
L’historienne Fanny Bugnon explique qu’en couvrant le procès les journalistes « détracteurs et partisans [de Germaine Berton] mobilisent des stéréotypes pour la déresponsabiliser » et ôter tout caractère politique à son geste. Les premiers évoquent sa douceur, ou justifient son acte par l’absence d’une mère. Les seconds stigmatisent « une femme déviante », à la coupe garçonne, qui trouble le genre. Dès que la colère n’est pas masculine, l’accusation d’hystérie semble planer.