“Rouge vif”, troublante mise en abyme chez les podcasteurs |
L’interview ne s’est pas vraiment déroulée comme prévu… Avec sa nouvelle création audio, immersive et bien écrite, Mehdi Bayad signe une étonnante fiction sur la fiction, librement inspirée d’un essai de Jacques Rancière.
Originale, drôle et profonde, Rouge vif, la fiction indépendante de Mehdi Bayad, nous a séduits. Dans ce huis clos captivant — librement inspiré d’un essai de Jacques Rancière (Le Spectateur émancipé) —, l’auteur superpose une exploration des rouages de l’écriture fictionnelle et une réflexion métaphysique sur la réalité et le virtuel. Scène d’exposition : Mathieu, podcasteur condescendant, invite Adam, écrivain timide, pour parler de son livre. Élément perturbateur : une coupure d’électricité plonge les deux protagonistes dans le noir. Enfermés dans le studio, les voilà forcés de se parler.
S’ensuit un dialogue aux allures de joute sur les règles de la fiction, où chacun défie l’autre en proposant un scénario expliquant l’étrangeté de leur situation. Dans une dystopie, faut-il vraiment que le monde s’effondre ? L’auteur a-t-il le droit d’introduire une péripétie qu’il n’a pas annoncée ? Peu à peu, Mehdi Bayad – qui interprète les deux personnages sans qu’on s’en doute – floute les frontières entre réalité et imaginaire, quitte à perturber l’auditeur. Le suspense s’invite, on est pris. À la fin, c’est bien sûr l’imagination qui gagne… Une vraie réussite.