“Quel scandale !”, sur France Musique : Don Carlo Gesualdo, un talent assassin |
Le compositeur napolitain Don Carlo Gesualdo a tué sa femme et fait assassiner son amant. Il a vécu entre le crime et l’expiation, mais dans sa musique, son supplice est un délice. Et quand Jérémie Rousseau décrit ses “passions”, c’est captivant. À écouter samedi, puis en podcast.
Don Carlo Gesualdo (1585-1611), prince de Venosa, se pensait maudit à la suite du double meurtre de son épouse et de son amant, surpris sous son toit. Un effroyable assassinat qualifié de crime d’honneur dans l’Italie du XVIe siècle — qui suscita la clémence de la noblesse napolitaine et du Vatican. Dans Quel scandale !, sur France Musique, Jérémie Rousseau retrace le sombre destin du compositeur napolitain, auteur d’une œuvre musicale d’un paroxysme ardent. « Jamais la Passion du Christ et les souffrances de la chair transfigurée par l’espoir de la rédemption n’avaient été aussi puissamment chantées », précise le producteur, piqué par toutes ces petites histoires dans la grande Histoire.
Il relate les anecdotes, les drames qui transforment une vie, celle des génies de la musique. Avec un art consommé du récit, il déroule la chronologie de la descente aux enfers de Gesualdo pour expier ses crimes, mais aussi surmonter les décès de ses héritiers ou la séparation d’avec sa seconde femme. La douleur lui permettant d’oublier la tristesse, il multiplie les actes de pénitence, « châtiant sa propre chair avec une satisfaction cruelle, s’enfermant plusieurs jours avec des jeunes gens auxquels il demandait de le flageller au sang ». Plus sa réputation s’aggrave, plus son œuvre gagne en profondeur, comme lestée d’une tristesse insondable et lancinante. Au terme de ces deux émissions qui lui sont consacrées, on n’écoutera plus de la même façon son œuvre la plus longue, les Tenebrae Responsoria où le martyre du Christ traduit son supplice personnel.