Podcast : le nageur Yannick Agnel, champion de philosophie sur France Inter |
Une dépression malgré son sacre en 2012, puis une paix trouvée grâce à des pratiques zen… Le champion de monde de natation livre une lumineuse leçon d’équilibre, de confiance en soi et de réconciliation avec soi-même au micro de Charles Pépin, dans l’émission “Sous le soleil de Platon”.
C’est avec passion (et presque précipitation) que le philosophe Charles Pépin introduit son émission Sous le soleil de Platon sur France Inter. Il s’agit d’un match de tennis : le Français Richard Gasquet, alors âgé de 13 ans, bat un jeune Espagnol. L’essayiste s’intéresse à ce que ce dernier a « dans les yeux », « un mélange d’abattement et de curiosité », « une promesse de progrès ». Si cette histoire est si frappante, c’est que le perdant n’est autre que Rafael Nadal, détenteur aujourd’hui de treize titres à Roland-Garros. Prendre l’exemple du sport pour parler de philosophie, voilà qui peut paraître étonnant. Pourtant, l’intensité de la vie des champions permet d’aborder nombre de questionnements existentiels, dont notre rapport au succès et à l’échec. On le voit bien avec les jeux Olympiques de Tokyo, qui se terminent le 8 août : de l’euphorie des gagnants aux larmes des sportifs arrivés quatrièmes, comment vit-on la victoire et la défaite ? Et surtout qu’en apprend-on ? Pour tenter de répondre à ces questions, Charles Pépin reçoit le champion de natation Yannick Agnel, alias « le squale ».
La remise en question plutôt que le burn-out
Avec lui, le concret se frotte aux théories. S’éloignant de l’idée toute faite selon laquelle seuls les échecs nous feraient avancer, il affirme que c’est la remise en question permanente – même en cas de succès – qui caractérise les « grands champions ». Loin d’être « un ennemi de la confiance », le doute est ce qui nous permet de trouver un équilibre. Il permettrait même d’éviter un burn-out. Après avoir souri aux paroles des Gens qui doutent, sublime chanson d’Anne Sylvestre désormais classique, le nageur revient sur sa dépression, survenue à la suite des jeux Olympiques de Londres, en 2012, alors même qu’il avait remporté deux médailles d’or. À 24 ans, il finit par quitter la compétition et trouvera la paix avec la pensée zen ; encore un signe que philosophie et sport ne sont pas si éloignés. Avec cette émission, Charles Pépin signe l’un des épisodes les plus réussis de sa série d’interviews de l’été. Concrète et utile, portée par un invité réfléchi et inspirant, elle permet de relativiser échecs et réussites, pour tendre vers l’humilité.