Podcast : Hélène Cixous, une octogénaire à la page sur France Inter |
Son combat précoce pour l’égalité, son regard sur l’amour et la mémoire… L’écrivaine féministe se dévoile dans “Boomerang”, au micro d’Augustin Trapenard. Des confidences lumineuses d’intelligence.
Elle a une voix si claire et affirmée qu’on se surprend à lever un sourcil étonné quand elle annonce fièrement ses 84 ans. On avait oublié depuis combien de temps la pensée d’Hélène Cixous éclaire le présent avec une réconfortante lucidité. Chez Augustin Trapenard sur France Inter, l’écrivaine féministe s’en étonne elle-même. Qu’y a-t-il d’inquiétant chez elle ? Sa longévité à la cause, justement : « Je continue, alors que ça suffit maintenant, les gens se disent, elle est encore là ! À vrai dire, beaucoup pensent que je suis déjà morte. »
Elle interroge la notion de déconstruction, se remémore l’accueil de l’université quand elle a voulu étudier les rapports entre les genres et les sexes (« une femme à l’initiative de recherches n’est pas acceptée joyeusement, non, on se résigne, elle a fait ça, bon, voilà »), accepte la rudesse des retours de bâton à chaque avancée féministe (« il faudra recommencer, et ça, c’est ce qui fait que les gens militants sont fatigués à la fin »). Clou de sa finesse, elle offre une métaphore féline sur l’amour, la mémoire et la vie. Ouf ! Hélène Cixous ronronne encore.