Si Kaddour Benghabrit mérite-t-il le titre de Juste pour avoir aidé des Juifs pendant l’Occupation ? Son cas divise. En deux épisodes, “Une histoire particulière” pose le débat sur France Culture.

Au mémorial Yad Vashem, dans la base de données qui reconnaît les Justes parmi les nations, un dossier reste incomplet. Celui de Si Kaddour Benghabrit (1868-1954), fondateur de la Grande Mosquée de Paris. Selon sa fille, et plusieurs rescapés dont le chanteur juif Salim Halali (dont la musique irrigue ce documentaire), il aurait fourni des attestations de confession musulmane à des citoyens juifs pendant l’Occupation, et protégé dans les sous-sols de sa mosquée des centaines d’enfants, avant leur évacuation. Mais, dans les archives, trop peu de preuves. Parmi les historiens et divers enquêteurs, les désaccords sont vifs. Alain Lewkowicz les retrace en deux épisodes denses. L’avocat Serge Klarsfeld reste « dubitatif ». L’historien Benjamin Stora raconte la solidarité ouvrière entre immigrés juifs et musulmans. L’écrivain journaliste Mohammed Aïssaoui a écouté Philippe Bouvard raconter pendant une heure le sauvetage de son père résistant. L’actuel recteur de la mosquée, Chems-Eddine Hafiz, veut rester « extrêmement prudent ». Le mystère demeure. Juste ou pas Juste ? « Yad Vashem en décidera ! »

À écouter
T Les Justes de la mosquée de Paris, dans Une Histoire particulière, sur France Culture. Réalisation : Anne Perez-Franchini. 2 x 28 mn.