Podcast : la grossesse, une parenthèse enchantée ? |
L’accouchement, la maternité, les fausses couches… Dans “Bliss Stories”, touchant podcast au ton décomplexé, les femmes se confient sans fard à Clémentine Galey. Rencontre.
Du « drame vertigineux » à « un événement exceptionnel », devenir mère est une expérience inimaginable. Avec Bliss stories, Clémentine Galey entend bien libérer la parole sur la maternité. Elle y recueille les confidences de femmes qui se livrent « sans filtres et sans compromis » sur leur grossesse, et explore des sujets tels que la PMA, les fausses couches ou encore l’accouchement au naturel. Loin de la parenthèse enchantée véhiculée par une société qui a « verrouillé la parole », selon elle, à ce sujet, elle montre des parcours parfois difficiles, solitaires, douloureux de femmes qui semblent pourtant sourire à travers le micro. En prenant le parti de raconter des histoires vraies, Bliss apporte des réponses concrètes sur l’accouchement, mais il permet surtout d’interroger la norme, de dénoncer les tabous et d’ouvrir le dialogue. Sa créatrice, elle-même mère de deux enfants, partage les coulisses de ce podcast au ton franc, décomplexé, et infiniment touchant – comme un hommage à la maternité.
Le podcast a ouvert un nouvel espace de parole. Que vous permet ce format ?
C’est un média extraordinaire pour écouter l’intime : il permet une immersion dans le récit que l’on ne retrouve pas en image. Et donne l’impression d’avoir un rendez-vous avec la personne. Les femmes que j’interviewe ne sont pas agressées par la caméra ou l’image qu’elles veulent renvoyer. Ce qui reste, c’est la voix, le récit libéré de l’apparence. Je rencontre mes interlocutrices chez elles, car c’est là qu’elles se sentent en confiance, dans ce cocon qui permet de créer de l’intime. Ces récits individuels me semblent résonner pour le collectif, car les espaces où les femmes ont carte blanche pour se livrer intimement sur la grossesse sont rares.
Comment mêler le statut de journaliste avec celui de mère ?
J’essaie d’avoir l’écoute la plus neutre possible, car c’est ce qui permet à chacune de se livrer. Je ne fais partie ni du corps médical, ni de la famille. Je ne porte aucun jugement, n’ai aucun bagage d’experte, seulement celui d’une maman au même niveau qu’elles. J’essaie de garder la spontanéité du regard qui découvre ; j’aime être surprise, émue, choquée par ces récits. Enfin, je nourris aussi ma propre curiosité sur la maternité avec ces récits.
Le titre n’est-il pas paradoxal vis-à-vis de l’angle que vous adoptez ?
Bliss signifie en anglais « béatitude ». C’est ce qui transcende la douleur, car même dans la pire des histoires il y a un moment de pureté lorsqu’on met au monde un être humain. La femme qui m’a raconté son deuil périnatal avait connu un enfant en vie : elle avait elle aussi été transcendée. Bliss raconte des histoires sans filtres, mais ce sont des histoires magiques.