La Scam appelle l’Etat à aider la création radiophonique |
Consciente de la précarisation des auteurs radio, et de la difficulté à financer des projets de création radiophonique, la Société civile des auteurs multimédia demande aux pouvoirs publics de créer un fonds dédié.
Et si l’Etat sanctuarisait la création radiophonique, en la dotant d’un fonds de soutien public ? La Scam (Société civile des auteurs multimédia) vient de lancer un appel en ce sens. Demandant au ministère de la Culture de financer des projets et d’encourager leur diffusion, plaidant pour une enveloppe dite “d’amorçage” d’1,5 million d’euros. Explications avec Karine Le Bail, administratrice à la Scam et ancienne productrice de France Musique (Les Greniers de la mémoire, A pleine voix).
Pourquoi lancer un appel pour un fonds de soutien à la création radiophonique ?
Une nouvelle génération d’auteurs a éclos depuis une dizaine d’années, avec l’avènement des outils numériques et la miniaturisation de la technologie – on peut aujourd’hui fabriquer le son chez soi, le manipuler sans bandes magnétiques, hors du studio. Malgré ce formidable essor, le paysage radiophonique reste bouché : ces auteurs ne vivent pas du son. Longtemps monopole des ondes hertziennes, la création radiophonique voit ses possibles démultipliés avec le Web et les podcasts. Mais le modèle économique reste précaire, et la rémunération plus faible que sur les antennes traditionnelles. Il faut donc défendre la création, accompagner les écritures individuelles, aménager une pluralité d’espaces où les accueillir.
Certaines créations d’Arte radio ou de France Culture reçoivent à l’étranger des prix internationaux, comme le prix Italia ou le prix Europa. En France, ces œuvres semblent ne rencontrer aucune reconnaissance des pouvoirs publics…
C’est un paradoxe ! La création sonore n’est pas aidée, alors que le cinéma ou la littérature le sont. Créer ce fonds de soutien donnerait aux œuvres l’assurance d’échapper aux logiques éditoriales des chaînes ou des studios, aux intérêts économiques en jeu… Cela favoriserait le pas de côté, l’école buissonnière, et libèrerait un projet incertain, innovant ou en devenir du diktat de la rentabilité.
Quelles sont les aides existantes actuellement pour les créateurs sonores ?
Elles viennent de la SACD et de la Scam [la bourse Beaumarchais, la bourse Boruillon d’un rêve, ou la bourse Beaumarchais, une initiative franco-belge, NDRL]. Les sommes allouées sont intéressantes — jusqu’à 6 000 € pour Brouillon d’un rêve) — mais cela ne concerne que de petits volumes.
“Faire de la radio de création, c’est un engagement : peu d’argent, peu de reconnaissance et aucun glamour”, précise Silvain Gire, le cofondateur d’Arte radio, dans l’étude “Créer et innover en radiophonie” de la Scam.
Il est sûr que la création est malmenée, elle n’est plus au cœur du processus radiophonique – comme c’était le cas avec le Club d’Essai de Pierre Schaeffer, puis l’Atelier de création radiophonique au sein de la radio publique. Mais l’Etat peut agir comme une courroie de transmission, une machine à aider. Les auteurs travaillent dans la précarité, et souffrent d’un manque de reconnaissance et de soutien des pouvoirs publics.
Faut-il envier le fonctionnement belge ?
En la matière, c’est le grand modèle ! Un fonds d’aide à la création radiophonique a été créé en 1987 par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il permet de soutenir la production d’œuvres, d’accompagner les auteurs. Et, cerise sur le gâteau, il finance depuis 1996 une structure d’accueil, l’Atelier de création sonore radiophonique.