Edmond Baudoin, sur France Culture : le dessin, c’était son destin |
À 40 ans, Edmond Baudoin a tout quitté pour vivre de son coup de crayon. Quarante ans après, alors que sort son livre-somme “Les Fleurs de cimetière”, il retrace son captivant chemin vers la BD cette semaine dans “À voix nue”.
« J’ai longtemps été subventionné par le chômage ; l’État français m’a donné de l’argent pour que je devienne dessinateur. » Et l’un des plus grands, bien que discret, auteurs de la BD actuelle. C’est sans forfanterie, en s’émerveillant presque, qu’Edmond Baudoin détaille la concrétisation de son destin d’artiste. À près de 80 ans, l’auteur de Couma acò, Piero ou Le Chant des baleines — et dont le livre-somme, Les Fleurs de cimetière (éd. L’Association), vient de paraître — retrace son parcours au micro de Tewfik Hakem, sur France Culture.
Il y a, avant tout, celui qui revient comme un motif ou un leitmotiv dans son œuvre : son frère Piero, son aîné de dix-huit mois, malade des poumons, avec lequel il dessine de concert, toujours et partout. Bluffé par son aisance graphique, l’instituteur propose au petit Edmond, 9 ans, d’enseigner l’art du trait à la classe. Mais c’est Piero, le fragile, celui qui a priori ne pourra pas faire grand-chose d’autre, que les parents autorisent à suivre des études d’art. Le cadet deviendra comptable, « comme papa ».
Travailler debout
Quasi quadragénaire, il quitte son emploi, choisit d’être « très pauvre » pour tenter de vivre du dessin. « Ce n’était pas fuir, mais ouvrir des portes, dit-il joliment. […] Il suffit de se mettre devant un arbre et de se mettre à le dessiner. On voit qu’on progresse, et c’est immense. » Encouragé par un certain Numa Sadoul (futur spécialiste du neuvième art, qui publiera des livres d’entretiens avec Hergé ou Franquin), il s’essaie à la bande dessinée. Baudoin travaille pour « un jeune homme qui faisait un fanzine », l’éditeur désormais poids lourd du secteur Jacques Glénat. « Ça n’a pas marché du tout, mais j’ai découvert que j’aimais écrire. »
Sensible et captivant, l’artiste se raconte en prenant parfois des chemins de traverse ; des digressions que son interlocuteur parvient à contourner, le ramenant doucement vers la question initiale. Il détaille sa façon de travailler (« toujours debout pour sentir le corps »), sa vision technique — « les traits, les taches et les points sont des notes de musique, et le blanc du papier du silence ». Décrit encore son attachement à son village de Villars-sur-Var, non loin de Nice, ou son goût pour le portrait. Et sa façon, généreuse, de mettre « l’être humain au centre de [s]a recherche ».
À écouter
q À voix nue, du lundi au vendredi à 20h sur France Culture. Réalisation : Charlotte Thoreau La Salle et Guillaume Baldy. 5 × 30 mn.
À voir
« Baudoin : dessiner la vie », exposition à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, à Angoulême, jusqu’au 27 juin 2022.