Podcast : les confidences de jeunesse de Jane Birkin |
Atmosphère feutrée dans l’émission “Par les temps qui courent”, sur France Culture. Jane Birkin plonge dans son passé et commente avec espièglerie son journal intime “Munkey Diaries”, récemment publié.
Munkey est bien plus qu’un petit singe en peluche habillé en jockey, gagné à une fête foraine dans les années 50. D’abord, il est magique. Il protège ceux qui l’aiment. Et puis c’est un excellent confident. Sa célèbre propriétaire, Jane Birkin, lui a livré ses pensées des décennies durant, à travers un journal intime (Munkey Diaries : 1957-1982, éd. Fayard) désormais public, dont elle discute ce jour-là dans l’émission Par les temps qui courent, sur France Culture.
L’atmosphère est feutrée et, de sa voix douce, Marie Richeux fait revivre la jeune Anglaise qui s’imaginait, en 1962, que lorsqu’elle serait très vieille, « 40 ans à peu près, avec des centaines d’enfants et tout », elle serait peut-être triste de lire quelqu’un d’aussi jeune. « Quand je boiterai, je pleurerai peut-être un peu de toutes mes activités passées et sangloterai peut-être face à mes jeunes os et mes idéaux. »
De ces premiers mots sourdent un certain humour (espérons-le !) et une espièglerie poétique qui infusent l’émission. A la relecture, Jane Birkin a plutôt tendance à sourire, amusée par ce côté « tellement mélo » qu’elle avait enfant, et sa tendance à se complaire dans la mélancolie.
Le plus souvent, la productrice lit, et la chanteuse commente, détaille. Presque indiscrètement, on les écoute évoquer les dynamiques familiales et les incertitudes adolescentes, que Birkin a elle-même traduites de l’anglais au français, pour conserver le parler si particulier qu’on lui connaît. « Je me demande si la plupart des gens portent des jupes serrées, et des bas, et de l’ombre à paupières et du rouge à lèvres. Toutes les grandes le font. Et même si je pense que ce serait horrible de le faire, des fois je me demande si je ne suis pas juste trouillarde de ne pas essayer. Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? »
A l’internat, on se moque d’elle, parce qu’elle est « moitié garçon, moitié fille », et que ses seins ne poussent pas. La panique est totale. Et si elle ne pouvait pas avoir d’enfant ? « Plus tard, il ne faut pas se demander pourquoi j’ai fait tellement de photos à poil, avec un tel gai abandon », s’exclame-t-elle en riant.
Les pages se tournent, les années passent. Il est question de ses amours avec Jacques Doillon et Serge Gainsbourg, qui l’éblouissait tant, de ses filles Kate et Charlotte… Mais jamais de ses disques, ni de ses films. « Il n’y avait que la vie privée qui comptait. » Et de conclure : « En relisant ces journaux, il me semble flagrant qu’on ne change pas. Ce que je suis à 12 ans, je le suis encore aujourd’hui. » Incertaine, délicate et inspirée.