Rosine Mbakam |
Une interview du podcast «Les Glaneuses», sur le cinéma en Belgique et la décolonisation du regard.
Rosine Mbakam est née au Cameroun en 1980. Elle fait ses premiers dans le cinéma en 2001 et suit une formation en audiovisuel au Cameroun auprès d'une ONG. Elle rejoint ensuite l'équipe de la chaîne de télévision privée camerounaise STV. En 2007 elle quitte le Cameroun pour la Belgique et s'inscrit à l'INSAS à Bruxelles où elle poursuit ses études en cinéma et production audio-visuelle.
C’était durant le mois d’août. Un mois d’août comme les autres à Bruxelles. Un mois où l’on redécouvre les soirées d’été, la lumière vive, et les pluies qui ouvrent des brèches de souvenirs. Les paroles des réalisatrices rencontrées résonnaient : des mots qui démêlaient tant d’histoires personnelles, des images émancipatrices et désireuses de changer l’ordre des représentations et nos imaginaires. Durant ce même mois pluvieux, nous découvrions les images de Rosine Mbakam, comme une pluie qui gronde et rafraîchit. Une réalisatrice engagée dont la conscience politique se reflète dans ses images.
Une réalisatrice qui relie l’intime et l’histoire coloniale en libérant la parole. Une femme qui amorce une décolonisation des regards. Nous aurions pu la rencontrer dans un salon de coiffure où les vitres sont des frontières, des cicatrices intérieures autant qu’une distance douloureuse, ou au détour d’une rue dont le nom ou la statue nous rappelle trop bien la domination vécue.
À ce jour, elle a réalisé des portraits de femmes qui se mélangent à sa propre histoire, entre le Cameroun et la Belgique. Comme Les Prières de Delphine qui raconte l’histoire d’une jeune Camerounaise broyée par les sociétés patriarcales et livrée à cette colonisation sexuelle occidentale comme seul moyen de survie. Une parole qui met à nu les schémas de domination qui continuent à enfermer la femme africaine.
Comment se positionner par rapport à cet héritage des images lorsque l’on est issue de l’immigration, lorsqu’on est une réalisatrice, femme et noire ? Comment utiliser le cinéma, inventer un autre langage pour parler des formes d’exclusions et de racismes?
Avec Rosine, nous avons parlé de décolonisation des images, de coiffures, et de regards qui brisent les stéréotypes.
Les Glaneuses est un podcast qui s’immisce au creux de la vie de réalisatrices. À travers leur parcours, leurs souvenirs, leur intimité, nous partons à la découverte de noms de femmes, de combats inspirants, de paroles politiques.
Ce podcast a reçu le prix du public au Brussels podcast festival 2022.
Enregistrement et réalisation : Sarah Semana
Montage : Constance Pasquier et Sarah Semana
Mixage et création sonore : Alexia Baltsavias
Illustration : Rocio Alvarez
Auteur des textes : Bertrand Gevart
Coordinatrice et productrice : Dimitra Bouras
Les Glaneuses est une production de Cinergie avec l'aide de la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la COCOF, de la Ville de Bruxelles-Egalité des chances, et en partenariat avec Radio Campus.