Qui était vraiment Charlotte Corday ? |
Une noble désargentée, révolutionnaire et libre… Pour “Autant en emporte l’histoire” ce dimanche sur France Inter, Stéphanie Duncan ressuscite la jeune Charlotte, qui ne fut pas que la meurtrière de Marat.
De l’assassinat de Jean-Paul Marat, en 1793, on a en tête la peinture réalisée par son ami David, représentant le député jacobin trépassé dans sa baignoire. De Charlotte Corday, en revanche, le portrait est plus flou : Stéphanie Duncan lui rend justice en recevant dans Autant en emporte l’histoire, sur Inter, l’historienne spécialiste des femmes engagées dans la Révolution française Solenn Mabo.
Car la meurtrière n’était pas, comme l’écrivit un commentateur de l’époque, « une virago plus charnue que fraîche, sans grâce, malpropre, comme le sont presque tous les philosophes et tous les beaux esprits femelles ». Mais une femme curieuse et libre de 24 ans, « heurtée par les violences et le désordre », qui se reconnaissait dans les idées de Rousseau et de Montesquieu.
Dans une intéressante fiction, le scénariste Jean-Baptiste Sabiani évoque une « jeune noble désargentée et passionnée de politique, qui voit le camp révolutionnaire auquel elle appartient se déchirer dans une guerre sans pitié ». Elle prend parti pour les Girondins, se persuade que si Marat n’est pas tué « une tyrannie sans limites s’établira ». Alors elle part pour Paris, achète un couteau de cuisine. Et convainc le Jacobin, en lui promettant de lui révéler un complot, de la laisser entrer. La suite est connue : elle le frappe, se retrouve emprisonnée, exécutée.
« Elle a été récupérée par des écrivains collabos, comme Drieu La Rochelle, a incarné pour des mouvements nationalistes et antiparlementaires une héroïne qui a sauvé la patrie de l’anarchie», pointe Solenn Mabo. L’émission, avec justesse, rectifie une image brouillée.
À écouter
r Autant en emporte l’histoire, dimanche, à 21.00, sur France Inter. Réalisation : Baptiste Guiton. 53 mn.