Empoisonneurs, égorgeurs et tueurs en série : France Musique fait entendre le chant du crime |
Transformer en chanson et force détails des histoires criminelles bien réelles, la pratique était courante avant guerre. Quatre épisodes passionnants de “Tour de chant”, dont le dernier ce dimanche, auscultent le genre.
C’est « une chanson éphémère reproduite sur une feuille illustrée », aussi surnommée « canard sanglant » : la complainte criminelle, qui raconte sur une mélodie connue « un fait divers avec force détails pour captiver l’auditoire », inspire à Martin Pénet quatre épisodes de Tour de chant (le dernier est diffusé ce dimanche), sur France Musique. Son invité, Jean-François « Maxou » Heintzen, est un puits de science sur le sujet, l’auteur de Chanter le crime (éd. Bleu autour), et un érudit collectionneur qui interprète lui-même des airs en s’accompagnant à la vielle. « Chanter est toujours associé à la réjouissance, et marginalement à la dévotion ou à la contestation, indique le spécialiste. Chanter le crime a donc un côté sacrilège ; ça s’est fait abondamment, rapidement après la survenue des meurtres évoqués, et dans toute la France. »
Et de citer la complainte de Mandrin, reprise par Renaud, qui raconte les « voleries » d’un « bandit d’honneur » ; celle de l’empoisonneuse, évoquant la marquise de Brinvilliers, et enregistrée par Germaine Montero ; ou encore l’affaire Fualdès, du nom d’un ancien procureur impérial égorgé en 1817, immortalisée en… trente-six couplets ! Le duo remonte le temps, détaille la « matière patriotique » qui nourrit les chansonniers pendant les deux guerres mondiales, ou le traitement de l’affaire Landru (les chansons sont écrites sur « le mode de la gaudriole » et font preuve d’un « machisme avéré »). Nourri d’anecdotes et d’extraits musicaux, l’échange est rythmé, nourri, et particulièrement fécond.
À écouter
r Les complaintes criminelles dans Tour de chant, dimanche à 12h30 sur France Musique. Réalisation : Doria Zénine. 4 × 30 mn.