“Gene Kelly et moi” : une star à cœur ouvert, sur France Musique |
En vue d’écrire les Mémoires du célèbre acteur de comédies musicales, une Américaine l’a enregistré dans les années 1980. Puis l’a épousé ! “Gene Kelly et moi”, le dimanche sur France Musique, esquisse en huit épisodes le touchant portrait d’un artiste polymorphe.
Pour toujours, il sera celui qui chante sous la pluie en s’accrochant à un réverbère, un inoxydable sourire aux lèvres (Singin’ in the Rain). Ou l’Américain à Paris qui fait une démonstration de claquettes à une ribambelle de marmots (I Got Rhythm). « Malgré ce que vous voyez à l’écran, il n’a jamais voulu être un interprète, assure pourtant Patricia Kelly, la veuve de Gene Kelly (1912-1996), dans cette série de France Musique. Il voulait diriger, chorégraphier […], rompre avec la tradition européenne des danses de salon sur des sols polis en cravate blanche et queue-de-pie. » Lorsqu’elle a rencontré Gene, 73 ans, en 1986, Patricia en avait 26 et ignorait tout de sa fabuleuse carrière. Venue à sa demande à Los Angeles pour écrire ses Mémoires, elle enregistre leurs discussions chaque jour… et l’épouse cinq ans plus tard. De ces microcassettes, elle n’a pas encore, pour le moment, tiré de livre.
Conscient de la valeur de ce trésor gardé sous clé, Laurent Valière, producteur de 42e rue sur la station, lui fait rencontrer Marc Voinchet, directeur de celle-ci et grand fan de Chantons sous la pluie (visible en version restaurée au cinéma et disponible dans un coffret DVD Warner Bros). Patricia Kelly se laisse convaincre par leur enthousiasme. « Marc avait compris mieux que beaucoup qui était Gene, et qu’il voulait être reconnu pour son rôle derrière la caméra [Gene Kelly a notamment coréalisé Chantons sous la pluie avec Stanley Donen, ndlr], explique-t-elle. J’ai su qu’il était sérieux quand il m’a offert un rôle de productrice. » Guidée par Laurent Valière, elle sélectionne des extraits sonores, écrit et lit ses propres textes. Sa prononciation française étant hésitante, elle est en grande partie doublée.
Un élégant voyage musical
L’auditeur de Gene Kelly et moi se retrouve dans le salon de la star, « sur le grand canapé fleuri bleu et blanc », et l’écoute raviver ses souvenirs, une vodka tonic à la main. Dans le premier épisode (le seul que nous avons pu écouter, sur huit), il loue le phrasé de Frank Sinatra, fredonne Sweet Lorraine de Nat King Cole, évoque son amie Judy Garland. La voix est lointaine, le grain sonore parfois épais. Mais l’homme semble un brin moins lisse que dans ses interviews : il assure que ses numéros préférés dans les films ont été coupés — par exemple I’ve Got a Crush on You, où il jouait avec un oreiller, dans Un Américain à Paris. Explique qu’il n’a « jamais appris à chanter dans un micro ». Et offre ainsi un voyage musical dans le temps, élégamment nostalgique.
À écouter
q Gene Kelly et moi, dimanche 10 juillet sur France Musique. Réalisation : Davy Travailleur. 8 × 59 mn.