Podcast : écouter les blessures de Beyrouth |
La sound designer libanaise Rana Eid raconte pour les auditeurs d’Arte Radio comment elle œuvre à enregistrer sa ville natale meurtrie, aussi bruyante qu’attachante.
« Le son, c’est vraiment ma vie, c’est mon cœur qui bat. » On ne peut que croire à la sincérité de Rana Eid, sound designer et réalisatrice, qui raconte ici son rapport aux sons de sa ville natale, Beyrouth, dont elle enregistre depuis près de quarante ans les ambiances. Avec verve et générosité souvent, amertume et nostalgie aussi, elle fait entendre à Marine Vlahovic – et aux auditeurs d’Arte Radio – les voix dans les abris ou les bruits des mitraillettes pendant la guerre civile. Évoque les « images de cadavres empilés à la télévision », vues quand elle avait 6 ans lors du massacre de Sabra et Chatila, en 1982. Décrit la difficulté d’enregistrer cette cité bruyante, où les klaxons et cris pullulent. Outre le témoignage (illustré) d’une grande amoureuse et archiviste du son, Le Souffle de Beyrouth porte l’opinion d’une habitante blessée par ce qu’est devenue la ville, maintes fois meurtrie, et dont le centre a été reconstruit « comme en carton-pâte avec des magasins chics ».
q Le Souffle de Beyrouth, sur Arte Radio. Réalisation : Marine Vlahovic et Samuel Hirsch. 40 mn.