Bouh ! Treize podcasts pour se faire peur à Halloween |
Avis aux amateurs de surnaturel, aux passionnées d’épouvantes et autres férus de sensations fortes ! Halloween se rapproche et voici treize enquêtes et fictions sonores qui surfent sur l’angoisse pour vous ravir d’effroi.
“Nonne sanglante et maisons hantées”, dans “Mauvais genres”, sur France Culture
Spécialiste du paranormal, Philippe Baudouin a assisté à l’exorcisme d’une Parisienne dans son appartement. Ce chargé de réalisation à France Culture, philosophe de formation et spécialiste du paranormal, ne s’attendait pas, ce soir-là, à la scène d’horreur qu’il allait enregistrer. « J’ai hésité à couper l’enregistrement et à partir », confie-t-il. À son côté, un agent de la brigade anticriminalité, également médium et magnétiseur, a tenté de soulager les maux de cette sexagénaire chétive quand elle a commencé à se contorsionner puis à se frapper le corps – les yeux révulsés, l’écume aux lèvres, avec des râles d’animal dont l’écoute ne manquera pas de saisir d’effroi les auditeurs qui pensaient être habitués aux sujets sulfureux de l’émission. Âmes sensibles, passez donc votre chemin.
q « Nonnes sanglantes et maisons hantées ». Réalisation : Laurent Paulré. 60 mn.
“La Petite Sallie”, dans “Feu de camp”, sur NRJ création
« Le 31 décembre 1992, dans une petite ville du Kansas, Debra et Tony Pickman emménagent dans leur nouvelle maison. Ils sont mariés depuis un mois, elle est enceinte alors qu’elle n’y croyait plus, bref, ils nagent dans le bonheur. Mais […] vous vous en doutez déjà, leur rêve tourne vite au cauchemar : […] un fantôme loge à cette adresse, celui d’une petite fille, la petite Sallie, dont les jeux ne sont pas toujours inoffensifs… » rapporte Taous Merakchi dans son podcast produit par Paradiso Media. L’angoisse, c’est sa spécialité, et elle s’en réjouit. Fan de films d’horreur, fascinée par la mort, spécialiste des sorcières et experte en sortilèges – dont elle partage les recettes dans le livre Witch, Please (éd. Pygmalion) –, la trentenaire maîtrise son sujet avec une délectation ensorceleuse.
r « La Petite Sallie ». Réalisation : Axelle Gobert. 21 mn.
“Les Ailleurs, rencontre du troisième type”, dans “L’Expérience”, sur France Culture
Le documentaire Les Ailleurs rassemble les récits troublants d’« abductés » — des humains enlevés par des extraterrestres, dans le lexique ufologique. Une enquête troublante de Sébastien Duijndam qui démarre à la direction générale de la gendarmerie nationale dans le fonds « ovni », où sont consignées quantité de constatations depuis les années 1950 – dont certains dossiers classifiés et frappés de la mention « secret ». Le producteur recueille plusieurs témoignages de ces femmes et hommes qui assurent avoir rencontré des extraterrestres et racontent cette expérience en détail. Cauchemar traumatisant pour certains, aventure d’une vie pour d’autres, les laissant parfois nostalgiques, voire inconsolables. Un voyage unique, de ceux dont on ne revient jamais tout à fait.
q « Les Ailleurs, rencontre du troisième type ». Réalisation : Philippe Baudouin. 58 mn.
“In Tenebris”, sur Spotify, Deezer, Apple Podcast...
État de New York, début des années 1990. Le docteur Gallagher et sa femme sont réveillés en pleine nuit par leurs deux chats qui se battent avec fracas. Le lendemain, un prêtre et une femme toquent à leur porte. « Vous avez aimé ce truc avec les chats, docteur Gallagher ? » demande la femme, le sourire aux lèvres. Ainsi débute le premier épisode d’In Tenebris, consacré à une histoire de possession démoniaque, dont le docteur et éminent professeur en psychiatrie faisait le récit dans le Washington Post, en 2016. La réalisatrice Marine Benoît décortique des faits divers troublants et les soumet à des experts. Son podcast bimestriel commence par le récit d’un événement « sérieux mais sans conclusion figée », étayé par des archives sonores et lu par un comédien. Dans la seconde partie, la journaliste s’entretient avec un spécialiste, invité à analyser le cas du jour.
q « In Tenebris ». Réalisation : Marine Benoit, Damien Somville. 50 mn.
“Bisou à demain”, sur Spotify, Deezer, Apple Podcast…
Voilà un titre bien anodin et pourtant… Bisou à demain est un podcast haletant ! Mehdi Bayad y déroule une affaire de harcèlement téléphonique, donnant à l’auditeur le sentiment d’être lui-même en ligne avec les protagonistes, tout au long de ces dix-sept épisodes enregistrés exclusivement sous la forme d’appels. Le réalisateur bruxellois signe une œuvre qui crée la surprise. Il use d’un art du suspense maîtrisé, et mène en parallèle une réflexion sur le médium sonore, planté comme un décor déterminant du début à la fin du scénario. Il faisait de même dans Lumière noire – sa précédente fiction, où l’effondrement du monde se racontait jour après jour au micro d’une radio pirate activiste –, ou dans son dernier podcast, Rouge vif, dont l’action oppressante se passe dans un studio fermé de l’extérieur. Ici, les premières notes du générique annoncent une tension qui se maintient tout au long de la série. L’auditeur a l’impression de ne jamais pouvoir raccrocher, jusqu’au dénouement, inattendu.
s « Bisou à demain ». Réalisation : Mehdi Bayad. 17 × 2 à 7 mn.
“Dr Death”, le podcast de Wondery sur Spotify, Deezer, Apple Podcast…
Entre 2010 et 2012, Christopher Duntsch, neurochirurgien diplômé d’universités réputées, a priori doué, a grièvement blessé trente-trois patients, et en a tué deux, lors d’opérations qui relevaient de la boucherie. Était-il un mythomane incompétent, capable de se faire embaucher par les meilleurs hôpitaux à force de charme et de bagou ? Ou bien un chirurgien doué mais psychopathe, prenant du plaisir à charcuter ses patients anesthésiés sur la table d’opération ? Toujours est-il que, pendant deux longues années, il a multiplié les erreurs médicales, ignorées par un système de santé privilégiant les rentrées d’argent et les coups de pub, au détriment de la sécurité des patients. Jusqu’à ce que deux de ses confrères, Robert Henderson et Randall Kirby, ne dénoncent ses agissements… Duntsch incarne une version détraquée du rêve américain, un « complexe de Dieu » poussé jusqu’au délire narcissique. On l’observe, de plus en plus toxique, détruire méticuleusement toutes celles et ceux qui croisent son chemin, de son meilleur ami à ses compagnes, en passant par ses patients.
q « Dr Death ». 7×33min.
“Le Tour d’écrou”, sur France Culture
« C’était une histoire macabre comme devait naturellement l’être un étrange récit fait dans une vieille maison à la veille de Noël. Les victimes y étaient des enfants, et cela donnait un tour d’écrou supplémentaire à la terreur. » Dès l’introduction, l’auditeur est ferré, comme l’est tout lecteur de cette nouvelle fantastique de Henry James, parue en 1898. Adapté pour France Culture par Jean Pavans – d’après sa propre traduction –, Le Tour d’écrou est sobrement mis en ondes par Étienne Vallès. Une musique inquiétante, à la fois gracieuse et grinçante, baigne le récit de l’ancienne gouvernante de deux charmants enfants, laissés à ses soins par leur riche oncle. Flora est « la fillette la plus ravissante qu’[elle ait] jamais vue » ; Miles rayonne « d’un étonnant petit air de ne connaître rien d’autre au monde que l’amour ». Subtils et mesurés – donc d’autant plus effrayants –, les mots de James révèlent la perversion des bambins (« visités » par les fantômes de domestiques dévoyés), et cisèlent doucement la tragédie finale. Une fiction horrifique, raffinée et magnétique, très justement interprétée par Elsa Dupuy.
r « Le Tour d’écrou ». Réalisation : Étienne Vallès. 57 mn.
“Spéciale Halloween en musique”, sur France Musique
« On va se faire des frayeurs en musique, on va convoquer les esprits pour conjurer le sort… », promet Marina Chiche sur France Musique, qui se réjouit d’offrir une sélection idéale en ces jours d’automne où l’on célèbre les défunts aussi bien que la fête chrétienne de la Toussaint, la fête des morts au Mexique, ou la fête païenne de Halloween – à l’origine une fête rituelle celtique destinée à créer des passerelles entre les mondes des vivants et des morts. Au programme : une danse macabre endiablée, celle de Camille Saint-Saëns, une orgie diabolique dans le saisissant dernier mouvement de la symphonie fantastique de Berlioz, ou même une danse des sorcières de Sylvain Dupuis…
r Spéciale Halloween en musique. Réalisation : Cyrielle Weber. 1h59.
“La Mort vivante. Faire parler les fantômes”, dans “LSD la série documentaire”, sur France Culture
« Les morts n’ont jamais cessé d’apparaître », affirme l’anthropologue Grégory Delaplace, qui travaille sur des enquêtes menées dans des maisons hantées en Angleterre au XXe siècle, et d’après les archives de la Society for Psychical Research (SPR), société savante fondée en 1822 à Londres. La productrice Élise Gruau a laissé son micro tourner lors d’une séance de tables tournantes au château de Fougeret, réputé hanté. Un coup pour oui, deux coups pour non… Ce soir-là, ils sont nombreux à vouloir interagir avec les vivants qui les convoquent. Parmi eux, un esprit est venu pour la productrice… Habitués à ces échanges récurrents avec l’au-delà, Véronique et François Geoffroy, les propriétaires du château, disposent de chambres d’hôtes pour accueillir le temps d’un week-end les touristes passionnés par le paranormal.
r « La Mort vivante. Faire parler les fantômes ». Réalisation : Anna Szmuc. 4 × 58 mn.
“Envoyé spectral”, sur Arte Radio
Pas besoin de table ronde pour dialoguer avec les défunts. Marc pratique la « transcommunication instrumentale », une méthode imaginée par Thomas Edison pour communiquer avec les morts. Il passe par la technologie, à travers les modulations des ondes radio, pour capter et enregistrer les voix d’outre-tombe. Policier en région parisienne, il utilise même parfois ses facultés de médium dans le cadre de ses enquêtes… Il se confie au micro de Philippe Baudouin pour Arte Radio. Glaçant !
q « Envoyé spectral ». Réalisation. : Philippe Baudouin. 10 mn.
“La Sorcellerie dans la France moderne”, dans “Les Nuits”, sur France Culture
Pas question de fermer l’œil avec cette Nuit de France culture exhumant des archives documentaires sur les sorciers et sorcières d’hier et d’aujourd’hui – car la pratique de la sorcellerie n’est pas seulement une pratique archaïque. « Recueillir des témoignages est une affaire délicate, on ne fait pas confiance aux journalistes ou aux chercheurs, car la sorcellerie est une chose sérieuse, voire, dans nombre de cas, une question de vie ou de mort, commente Mathias Le Gargasson, qui orchestre cette Nuit trouble. La sorcellerie n’a pas besoin d’avoir recours à des armes à feu pour être violente. A contrario, elle peut aussi guérir. » De sortilèges du Berry et de la Bretagne aux marabouts parisiens, en passant par des guérisseurs et coupeurs de feu du Cantal, sa sélection d’émissions diffusées entre 1969 et 2019 sur les antennes de Radio France interroge notre rapport à la réalité.
s « La Sorcellerie dans la France moderne ». Réalisation : Virginie Mourthé. 4h46.
“Légendes d’été”, sur Europe 1
À la rencontre de ces dandys immortels que sont les vampires, Nicolas Carreau convie des vampirologues – parmi eux, Jean Marigny, coauteur d’une Histoire de femmes vampires (éd. Terres de brumes), Jacques Sirgent, auteur de Vampires (éd. Ouest France), et Alain Morvan avec Dracula et autres écrits vampiriques, qu’il a traduit et édité (éd. La Pléiade). À travers des extraits de films et de romans, le décor est posé. Ces succubes récalcitrants avides de sang ne sont pas nés seulement de l’imagination des romanciers, ils sévissent dans toutes les civilisations à diverses périodes de l’Histoire. Et leur rapport aux vivants se teinte d’ambiguïtés amoureuses et érotiques. Car si le vampire n’a pas d’âme, il a un cœur et c’est bien pour cela qu’il faut, pour l’anéantir, y enfoncer un pieu. L’occasion pour le producteur et ses invités de livrer quelques conseils d’autodéfense face à ces princes de la nuit.
q « Légende d’été ». 45 mn.
“Les Hauts de Hurlevent”, dans “Le Feuilleton”, sur France Culture
« C’est un vrai paradis de misanthrope » que met en relief Juliette Heymann dans son adaptation du roman Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights). L’unique ouvrage d’Emily Brontë est publié sous le pseudonyme d’Ellis Bell en 1847 – un an avant sa mort, survenue à l’âge de 30 ans. Le titre reprend un terme local de la région du Yorkshire, en Angleterre, décrivant les vents du nord qui soufflent en rafales sur la lande. Pareils à la passion entêtante et dévastatrice qui emporte les protagonistes de cette adaptation en feuilleton pour France Culture. Cette série en dix épisodes retranscrit avec force des sentiments tourmentés par l’ego jusqu’à la perte de la raison. L’histoire d’un amour éperdu traversé par la vengeance et bientôt la malédiction. Les spectres des fougueux amants, incarnés avec justesse ici par Guillaume Durieux et Leslie Menu, hanteront longtemps les auditeurs.
r « Les Hauts de Hurlevent ». Réalisation : Juliette Heymann. 10 × 30 mn.