Avec “Lumières dans la nuit” sur France Inter, Edouard Baer se libère |
Tous les dimanches soir, sur Inter, Edouard Baer converse, au café ou en flânant, avec des vedettes ou des quidams. Libre, drôle, et poétique en diable.
Ah, qu’on l’attendait, cette émission ! Après deux ans passés sur les ondes matinales de Radio Nova, où il animait avec succès Plus près de toi, Edouard Baer s’est vu attribuer depuis septembre la case peu écoutée mais poétique du dimanche soir sur France Inter. Avec pour mission — de service public cette fois — de nous aider à lutter contre le blues de fin de semaine.
Dans Lumières dans la nuit, il discute de 22 heures à minuit avec ses invités depuis le café Belair de la Maison de la radio, quand il n’est pas simplement en vadrouille, dans un taxi écumant les rues de Paris ou à Montréal. Il téléphone en direct à des personnalités du monde culturel, à des enfants, à des passants rencontrés au hasard par le reporter Jack Souvant. Un concept très (très) libre, qui tient de la conversation entre amis, et vous promettra à coup sûr un micro mal allumé, une liaison téléphonique défectueuse ou un dialogue qui tombe à l’eau. « Jérôme ! (Je m’adresse au réalisateur) je me suis pris les pieds dans le casque, quelles sont les conséquences techniques et financières ? » Aléas de l’improvisation…
Constamment sur le fil
Et conséquences d’une prise de risque ! L’émission d’Edouard Baer est constamment sur le fil. Si elle donne parfois le goût d’une rencontre manquée (mais qu’il est dur de faire parler des enfants au téléphone…), elle offre souvent des dialogues savoureux, voire franchement hilarants, comme avec Benoît Poelvoorde ou Alain Chabat, dans des sketchs que l’on sent de plus en plus travaillés.
Pas de panique, le show devrait garder sa personnalité : imparfaite, vivante. « C’est une erreur d’attaché de presse si vous êtes avec nous ce soir ? demande le présentateur à l’un de ses invités, qui devait initialement venir la semaine suivante. C’est beau, ça, comme idée… » La verve, la nonchalance dans la voix, l’intonation un peu moqueuse du comédien sont toujours là.
Baer philosophe sur le spleen du dimanche soir et bricole en musique des moments de poésie époustouflants… qui opèrent par contagion sur les invités, libérés par le format et le ton de l’émission. Aucun doute, Lumières dans la nuit fait figure d’ovni dans le paysage radiophonique, avant la reprise nette, propre — cravate serrée — du lundi matin.