Podcast : Marina Tsvetaïeva et Boris Pasternak, fragments d’une liaison épistolaire |
De 1922 à 1936, les poètes Marina Tsvetaïeva et Boris Pasternak ont entretenu une fiévreuse correspondance. A l’occasion de la réédition de ces lettres, le beau feuilleton d’Hélène Bleskine retrace leur liaison littéraire.
« Récemment, j’ai pris ton livre en forêt, je me suis allongée avec lui. Je pense avec fierté à ton influence sur moi, influence non pas comme une pression, je parle d’une influence qui serait comme un cours d’eau qui se jette dans un cours d’eau. » Ainsi Marina Tsvetaïeva s’adresse-t-elle fièvreusement à Boris Pasternak en juillet 1924. Depuis déjà deux ans les deux poètes, l’une exilée, l’autre resté en Russie, entretiennent une correspondance passionnée, où l’amour de la langue et l’amour tout court se mêlent au point de se confondre ; des mots de l’autre, chacun s’inspire, se languit et tous deux succombent, littéralement.
En dix épisodes retraçant près de dix ans de cette liaison purement littéraire, ce feuilleton, qui mêle habilement extraits de lettres et poèmes tout en offrant en écho quelques souvenirs d’Ariadna Efron, la fille de Marina, réussit magnifiquement à faire entendre les voix des poètes tout en donnant corps à leur vie, leurs désirs, leurs tragédies intimes. « Bien des fois, j’ai imaginé ce qui se serait passé si vous étiez là. Je crains d’en parler car je vois tout, clairement, sans avoir rien nommé. » Boris Pasternak a raison, nul besoin de montrer ou de nommer pour faire voir.