Podcast : les illustres inconnus de la culture |
Ecrivain fantôme, traductrice, acteur de doublage… Dans son podcast “Backstage”, Margot Delpierre donne longuement la parole à ceux qui font la culture loin des projecteurs.
Au domicile parental lillois, il y avait un poste dans chaque pièce, tous branchés sur France Inter. Pas étonnant que Margot Delpierre ait contracté le virus radiophonique dès l’adolescence, diagnostic confirmé à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, puis dans les rédactions de Radio France. « J’ai toujours voulu faire de la radio avant de faire du journalisme », avoue la jeune femme de 26 ans, dont la voix posée et enjouée s’immisce sur toutes les antennes du groupe, à Paris comme en régions, depuis trois ans. Mais cela ne suffit pas à étancher la soif de sons de Margot Delpierre, qui vient de lancer avec son compagnon, Thomas Lenglain, technicien du son à France Bleu, le podcast indépendant Backstage : un passionnant entretien mensuel d’une heure, avec un homme ou une femme de l’ombre de la culture, qui officie tel un écrivain fantôme ou un comédien de doublage.
Pourquoi avoir lancé ce podcast, parallèlement à vos activités à Radio France ?
D’abord pour créer quelque chose qui me ressemble et dans des formats plus longs que ceux consacrés à l’info : je me sens parfois frustrée de devoir me limiter à une minute, ou à deux minutes trente dans le meilleur des cas. De plus, ma faim de culture n’est pas rassasiée dans mes reportages au quotidien. J’avais donc envie de faire parler les artistes, et c’est mon compagnon qui a eu l’idée de mettre en lumière ceux qui, un peu comme lui, technicien du son, restent dans l’ombre.
Pourquoi n’y a-t-il pas d’extraits ou d’éléments d’ambiance sonore ?
La sensation d’intimité qui se dégage de certains programmes radio, cette impression que l’on s’adresse directement à moi m’ont toujours attirée. C’est pour cela que j’interviens le moins possible : avant l’enregistrement, j’élabore une longue liste de questions, mais je ne la regarde jamais pendant l’entretien. Ensuite, il y a assez peu de montage, pour profiter de la parole des invités, de leur voix et de leur débit. L’absence d’extraits de films ou de musiques est essentiellement liée à une question de droits, il est très compliqué ou coûteux d’obtenir l’autorisation de les utiliser.
Comment choisissez-vous vos invités ?
L’idée est d’aller voir dans les différents champs culturels : après l’écrivain fantôme, la scénariste de séries, le comédien de doublage, nous allons entendre un dénicheur de talents, un monteur de films, une traductrice… Je cherche à faire découvrir des professions à travers des personnalités qui ont une légitimité dans le métier, un certain recul et des anecdotes à dévoiler. Et peut-être qu’à l’avenir nous agrémenterons l’entretien de sons d’ambiance. Travailler dans notre coin offre une grande liberté.