Sur France Inter, les conflits intérieurs de Colette pendant l’Occupation |
Elle a tremblé pour son mari, juif, tout en écrivant des articles dans des revues collaborationnistes pour vivre… Un éclairage captivant, dans “Autant en emporte l’histoire”, à réécouter en podcast.
Publié le 22 mai 2023 à 11h30
En 1940, à l’heure de la défaite, l’écrivaine Colette a déjà 67 ans et c’est une vraie star. « On lui demande des autographes au restaurant, et c’est une même une auteure à dictées ! », rappelle Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne et autrice de Colette en guerre, au micro de Stéphanie Duncan, dans Autant en emporte l’histoire sur France Inter. Pourtant, la période de l’Occupation sera, pour elle, plus dure qu’on ne le pense. C’est ce qu’on découvre dans la partie fictionnelle de l’émission (signée Pascale Mémery), dans laquelle Josiane Balasko incarne avec pudeur et conviction une Colette terrifiée par la menace qui plane sur son mari, de confession juive.
Alors qu’elle voit de sa fenêtre les nazis arpenter le pavé parisien, elle souffre comme beaucoup des restrictions — elle ne rêve que d’une orange pour son anniversaire —, et doit écrire des articles pour vivre. Elle rédige ainsi dans les journaux collaborationnistes des chroniques en apparence futiles, ses « petits papiers de circonstances » pour réconforter les femmes de l’arrière. Mais à la Libération, elle craint qu’on ne la vilipende pour cela.
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« J’ai écrit dans la presse, d’accord… Mais qu’ils citent un mot de moi en faveur des Allemands ou de Vichy, un mot contre les juifs, un seul… ! Je me méfie tellement des procès intérieurs, ils sont dégueulasses. » Aragon la soutiendra, mais son image en restera écornée. Cette fiction prenante, doublée d’une éclairante conversation avec la spécialiste, vient rétablir les faits dans leur complexité, avec une belle part d’émotion.