Sur Radio Nova, la potion de Jeanne Lacaille fait des miracles |
Chaque samedi, Jeanne Lacaille tend son micro aux artistes sensibles à la magie. Et, entre rites païens et forces obscures, explore notre rapport au spirituel et l’invisible.
Publié le 09 juin 2023 à 12h28
«La petite sorcière des ondes » : c’est le surnom de Jeanne Lacaille à Radio Nova, où elle anime La potion. Une émission hebdomadaire aussi audacieuse qu’unique dans le paysage radiophonique. La direction de la station laisse à la journaliste toute liberté pour avancer sans filet et sans crainte à travers un territoire nébuleux : celui des arts qui déploient une dimension mystique, comme les musiques de transe (dont le maloya réunionnais, la tarentelle, le gnaoua, également la chanson avec certains morceaux de Camille ou de Lhasa). Ses invités ont en commun d’être imprégnés par ce qui échappe à la plupart des cartésiens aux semelles de plomb. Les mondes invisibles qu’ils évoquent peu ou jamais devant un micro sont pour eux source d’inspiration infinie. Alors, ici, musiciens, chorégraphes, plasticiens ou romanciers allument l’athanor. Il est question de recettes, d’ingrédients endémiques, d’émotions fortes, de paroles sensibles. Le tout saupoudré d’un soupçon de magie formidablement décomplexée. L’animatrice se compare à un « amplificateur, une courroie de transmission dans ce monde en quête de sens ».
À lire aussi :
Les jugements, les stéréotypes et les sorcières à la mode des réseaux sociaux lui importent peu ; elle cherche l’authenticité ailleurs. Femme de grands espaces aux horizons sans limites, c’est pourtant à Paris que sa passion pour la radio la retient, confesse-t-elle. Mais La potion est voyageuse : « Ce n’est pas une émission qui s’enregistre forcément en studio. Quand je peux, je vais rencontrer les artistes sur leur territoire pour apporter une dimension supplémentaire, une immersion. Je capte par exemple des fest-noz en Bretagne, la fête des ours dans les Pyrénées, ou un tête-à-tête dans un parc sous la canopée, comme récemment avec l’autrice naturaliste Gabrielle Filteau-Chiba. Le son va raconter une magie que les mots ne peuvent pas verbaliser. » Entre ces deux mondes, visible et invisible, Jeanne Lacaille dirige cette heure avec fraîcheur et enthousiasme, à la manière d’une vigie postée dans une hune, aux confluences d’arts marqués d’un héritage spirituel. L’émission ensorcelle. L’auditeur se réjouira même d’y célébrer en musique les fêtes païennes des équinoxes ou des solstices. Et de ne plus savoir à quel saint se vouer... pourvu qu’il ait l’ivresse radiophonique.