Sur France Culture, la Comédie-Française donne un coup de frais à l’“Alexandre le Grand” de Racine |
La troupe du Français a enregistré pour la radio l’intégrale des onze tragédies de Racine. Dont, pour la première fois, “Alexandre le Grand”, dépoussiérée pour l’occasion. Une réussite.
Publié le 19 juin 2023 à 14h11
Simul et Singulis – « être ensemble et être soi-même » en latin – est la devise de la Comédie-Française. Sur la scène du studio 104 de Radio France, les comédiens de la noble institution, postés en demi-cercle, se tiennent prêts à faire corps pour jouer Alexandre le Grand, de Racine, pour France Culture. Aucun d’entre eux ne rejoindra les coulisses avant la fin de la représentation. C’est ensemble qu’ils s’attachent à donner un nouveau souffle à cette tragédie du XVIIe siècle qui n’a jamais été interprétée à la radio, ni même rejouée au Français depuis 1665, où elle fut créée par la troupe de Molière ! La pièce vient parachever un cycle littéraire imaginé par France Culture et le Français, qui ont enregistré l’intégrale des onze tragédies de Racine.
Sous les ors de la maison de Molière comme en studio, la troupe dépoussière avec ferveur les alexandrins, aguerrie à « lire le présent à l’aune du passé », selon Éric Ruf, administrateur général de l’Institution. Ainsi, Adeline Hermy s’empare avec force du rôle d’Axiane, face à l’envahisseur Alexandre campé par Yoann Gasiorowski. Rendre ces grands classiques accessibles à la radio, l’aventure est audacieuse ! À l’antenne, une citation de Racine remet cette pièce dans le contexte de l’époque. Le dramaturge voulait flatter Louis XIV, admirateur du roi macédonien : « J’assemble tout ce que le siècle présent et les siècles passés nous peuvent fournir de plus grand […]. L’histoire est pleine de jeunes conquérants. » La pièce produit à l’époque son effet sur le souverain français et sa cour.
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Pour la mettre au goût des auditeurs, plus de trois siècles après, la réalisatrice Louise Loubrieu et Blandine Masson, la directrice de la fiction sur France Culture, dressent une passerelle providentielle grâce à la musique. Il n’est pas question ici de baroque lancinant mais de morceaux joués à la guitare électrique. Une musique résolument contemporaine composée par Olivier Mellano. Debout au milieu du plateau, le guitariste aide à ciseler le récit au fil des cinq actes, exacerbant les passions. « C’est une vraie dramaturgie qui se construit avec le texte, explique Blandine Masson. Comme un décor, la musique enveloppe les comédiens, qui jouent avec ses tonalités. » Et aide à porter un regard neuf sur les classiques sans les dénaturer.