Crise à Europe 1 : Arnaud Lagardère n’abandonne pas le navire mais reste flou sur son cap |
Sous le coup d’une motion de défiance depuis le 18 avril, Arnaud Lagardère a enfin rencontré les salariés d’Europe 1. Résultat : peu d’annonces, quelques indices, et un nouveau rendez-vous pris, au plus tard, pour la fin juin.
Evénement à Europe 1 : après plusieurs mois d’attente et d’inquiétude face aux audiences catastrophiques et au flou du projet stratégique, Arnaud Lagardère, le patron de la radio, s’est enfin déplacé ce mardi matin pour rendre visite à ses équipes. De 9h30 à 11 heures, le pdg s’est adressé aux salariés dans le restaurant flambant neuf des nouveaux locaux du 15e arrondissement parisien.
Ces derniers l’attendaient au tournant : Arnaud Lagardère est visé depuis le 18 avril par une motion de défiance à laquelle il n’avait toujours pas répondu malgré une lettre ouverte le relançant, le 9 mai dernier. Les salariés y réclamaient notamment des indications sur le projet stratégique de la station ainsi que sur l’avenir de la rédaction numérique, et la régularisation des pigistes permanents.
Pour la transparence, il faudra encore attendre. Le patron botte en touche sur l’avenir de Laurent Guimier, le vice-pdg de la station, recruté à la rentrée pour redresser les audiences. Il gardera le silence jusqu’à la fin de l’arrêt maladie de Laurent Guimier. Victime d’une mauvaise chute, celui-ci est remplacé depuis le 21 mai par Constance Benqué, directrice du pôle « news » du groupe Lagardère.
Le navire Europe 1 reste ainsi dans le flou sur l’identité de son futur capitaine. Quant au cap, une seule certitude : « Je ne vendrai jamais Europe 1 ! » a assuré le pdg en rappelant son attachement à la maison. Selon un journaliste présent lors de la réunion, le ton aurait été moins catégorique concernant les deux autres stations du groupe, RFM et Virgin Radio. « Si jamais on me fait une offre pharaonique, je la regarderai », aurait avoué Arnaud Lagardère.
En ce qui concerne la grille – déjà presque totalement refondée cette année –, au diable les grands principes qui veulent qu’un programme radiophonique ait besoin de temps pour s’installer. « Il nous a dit que quand ça ne marche pas, il faut changer tout de suite », rapporte un salarié. Quelques indices sur les modifications à venir : « plus d’infos le matin avec des journaux allongés, et davantage de sport et de musique sur la grille ». Le tout sans multiplier les nouvelles voix : selon plusieurs journalistes de la station, le pdg a présenté sa radio comme « un centre de formation à valoriser en utilisant les talents maison ».
Certains talents nés sur d’autres ondes pourraient tout de même continuer à donner de la voix sur Europe 1. On pense notamment à Matthieu Belliard, arrivé cette saison de RMC pour animer la longue tranche info de fin d’après-midi. Il a été choisi pour animer la matinale spéciale commémorant le 75e anniversaire du débarquement en Normandie. « On n’est pas dupes, on se doute bien que ce sont ses premiers tests pour, peut-être, reprendre le poste de matinalier occupé par Nikos Aliagas », commente un salarié, sourire en coin. L’avenir du présentateur (mobilisé cette semaine par la finale de The Voice sur TF1) se jouera la semaine prochaine. Arnaud Lagardère a indiqué qu’il allait le rencontrer pour en discuter.
Rédaction au bord de la crise de nerfs
La rencontre d’aujourd’hui était surtout l’occasion, pour les équipes, de dire une nouvelle fois leur malaise, de visu cette fois. « Une dizaine de salariés a pu s’exprimer pour raconter les conséquences du flou actuel sur leur travail », confie l’un d’entre eux. « Mais maintenant nous attendons du concret, complète un autre journaliste. Parce qu’on a beau être motivés, on a le sentiment de travailler dans une rédaction au bord de la crise de nerfs. »
Les équipes demandent désormais des réponses claires avant la fin du mois, et une présence plus régulière de leur patron dans les locaux. Une nouvelle assemblée générale est prévue pour la mi-juin.