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C’est pour “continuer à étendre notre présence à Washington D.C. tout en favorisant les objectifs de notre plateforme et de nos créateurs” que Spotify a contribué à hauteur de 150 000 USD à la cérémonie d’investiture de Donald Trump. “Cela s’inscrit dans le cadre du travail que nous effectuons dans les capitales du monde entier pour faire avancer nos questions politiques, quel que soit le pouvoir en place” ajoute le représentant de la plateforme suédoise. Ces questions politiques incluent-elles à ce stade une volonté de revoir la régulation du secteur, afin de développer des nouvelles pratiques, qui ne font pas l’unanimité : morceaux générés par IA, voix de synthèse pour les livres audio, modification du mode de rémunération des artistes… 

Dans ce contexte, qu’en est-il de la place des musiciens à l’ère des nouveaux enjeux numériques, alors que les plateformes de streaming restent l’un des principaux point de rencontre entre les projets musicaux et leurs futurs auditeurs ?

Spotify à la conquête de l’IA

Un article de janvier 2025 de la journaliste Liz Pelly, issu de son ouvrage Mood Machine: The Rise of Spotify and the Costs of the Perfect Playlist, met en avant certaines pratiques de la plateforme suédoise : des commandes faites auprès d’artistes prêtes-plumes (“ghostwriters”) leur proposant de composer des “imitations” de chansons populaires. Des titres ensuite intégrés dans les playlists les plus virales, telles que Top Viral ou Top 50, avec le but assumé de ”reverser moins de royalties” selon la journaliste.

Une pratique pas tout à fait surprenante mais qui s’inscrit dans la stratégie de Spotify. Dans une interview, Daniel Ek, son PDG, justifie le recours à l’IA pour générer des chansons par un objectif de rentabilité. Selon lui, l’utilisateur “ne le remarquerait même pas.”

Si ces pratiques sont possibles, c’est parce que notre façon de consommer de la musique a bien changé : sur les réseaux sociaux, dans les formats vidéos, la musique sert principalement d’illustration. On en écoute tout le temps mais sans même faire attention à elle. Ce fond sonore a souvent la particularité d’être libre de droit (pour en savoir plus c’est juste ici), mais il peut aussi être détourné sous forme de mashups (deux titres combinés en un), en sped up ou slow + reverb, devenus de vraies tendances d’écoute sur les réseaux sociaux. 

Au milieu de ces polémiques, Spotify continue de développer son offre notamment avec Music Pro, une option d’abonnement supplémentaire, attendue depuis des années, pour accéder à une meilleure qualité d’écoute et des places de concerts. Le géant suédois a également lancé un partenariat avec Eleven Labs afin d’utiliser des voix synthétiques pour la lecture de livres audio.

Des décisions qui soulèvent des interrogations éthiques

Et alors que les principales puissances économiques s’activent pour espérer devenir “leader mondial” de l’IA, parfois au détriment des artistes, des initiatives collectives voient le jour. 

Un album silencieux, imaginé par 1 000 artistes britanniques dont Annie Lennox, Damon Albarn ou Kate Bush, sort cette semaine pour protester contre l’utilisation de leurs œuvres pour entraîner des modèles. Une campagne coup de poing qui intervient alors que le gouvernement britannique étudie un projet de loi qui pourrait assouplir le droit d’auteur en faveur des éditeurs d’IA. 

Autre démarche pour tenter d’assurer les artistes d’un revenu plus certain que les streams : le musicien James Blake a imaginé un partenariat avec Vault, une plateforme similaire à OnlyFans ou Patreon pour permettre aux musiciens de proposer leurs œuvres en échange d’un abonnement mensuel.

Néanmoins, pour soutenir vos artistes préférés, les bonnes vieilles méthodes restent d’actualité : acheter leur musique sur Bandcamp par exemple, aller les voir en concert et, pourquoi pas, ramener un t-shirt en souvenir.

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