Les voix de l’intelligence artificielle sont-elles sexistes ? |
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Dans un article du New York Times, Susan Dominus se demande : est-ce qu’internet a changé la voix des femmes ? Elle continue : « cette voix féminine n’est pas la voix de l’opprimé, celle avec un accent ; c’est une voix de service qui est systématiquement déracinée au-delà de la norme, suggérant implicitement que l’aide idéale n’est pas seulement féminine, mais aussi blanche. » Posant les bases d’une réflexion plus large sur le genre des intelligences artificielles, on questionne cette semaine dans Hyperradio les enjeux des voix de l’IA.
La voix : une exception humaine ?
La voix est une particularité que nous, humain.es, possédons. Et ça, les entreprises d’intelligence artificielle l’ont bien compris. Pour rendre davantage accessibles leurs outils, il faut les rendre plus humains. Comprendre, leur donner une voix. Quitte à nous voler la nôtre, celle un petit peu rauque ou avec un accent chantant.
La nôtre, c’est celle qui peut conter un livre audio ou doubler un personnage culte. Mais elle semble déjà obsolète. Spotify ou encore Librinova préfèrent dorénavant des voix clonées ou tout entièrement créées grâce à l’intelligence artificielle pour lire leurs livres audio, une solution économiquement bien plus viable pour ces entreprises. Dans le monde du doublage ou encore de la musique, maints remous font aussi se lever les glaives anti-IA. Cloner la voix d’Alain Dorval, acteur de doublage décédé en 2024, ou encore créer la voix de Dark Vador via IA alors que des acteurs de doublage de jeux vidéo lui prêtaient historiquement la leur tend vers cette humanisation des robots et, à l’inverse, notre déshumanisation.
A l’intersection de la voix et de la technologie
Est-il possible alors de mêler voix et IA de manière éthique ? Le rapport « Je rougirais si je pouvais » de l’UNESCO dénoncant le sexisme induit par les développeurs d’assistants vocaux propose 18 solutions. Par exemple : recruter davantage de femmes dans les processus de développement, proposer aux utilisateurs une voix féminine et une voix masculine, voire une voix non-genrée.
Car finalement, les intelligences artificielles peuvent, grâce à la voix, faciliter nos échanges sans nous dérober notre timbre. Que ce soit dans la traduction automatique ou dans la transcription compréhensive (c’est-à-dire prendre en compte les pauses, les respirations et les émotions des interlocuteurs) en temps réel de nos conversations, plusieurs entreprises, comme Gladia ou PyannoteAI, misent gros face aux géants de la tech. Et surtout, lorsque la technologie permet de redonner la voix à celles et ceux…et ceux qui l’ont perdue, elle nous propose d’exceptionnelles avancées.

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