Berthe Morisot, la féminité à l’œuvre, sur France Culture |
Exclue des formations aux Beaux-Arts parce qu’elle était une femme, Berthe Morisot fut pourtant un génie de la peinture. “Une vie, une œuvre” dresse le portrait d’une artiste d’exception.
Edouard Manet a peint onze fois la dame en noir au regard hypnotique. Jusqu’à ce qu’elle épouse Eugène Manet, son frère. Plus jamais Berthe Morisot (à qui le musée d’Orsay consacre une exposition, et Télérama un hors-série) n’apparaîtra sous le pinceau de son ami et supposé amant. Mais peu importe pour la bourgeoise rebelle éprise de peinture qui a toujours eu l’âme d’une artiste, plus que d’une muse.
Exclue des formations aux Beaux-Arts à cause de son sexe, la seule femme impressionniste dont l’histoire ait retenu le nom a toujours méprisé l’académisme, auquel elle préférait un trait sur le vif. Au cœur de son œuvre, la femme et son foyer. « Faut-il résumer Berthe Morisot à une peintre très féminine, qui représentait les petites filles et les bourgeoises du 16e arrondissement ? demande Marianne Mathieu, chargée des collections au musée Marmottan-Monet, à Paris. On peut se poser la question. Mais on peut aussi se demander si, dans ce cas-là, Monet n’est pas un peintre de fleurs. » Son génie ne réside pas tant dans ses sujets que dans la façon dont elle les peint : vite, pas toujours cadrés frontalement, comme pour représenter une idée plutôt qu’un sujet. Tout comme cette pionnière posait sur ses modèles un regard tendre et amical, ce documentaire de Laetitia Le Guay (pour Une vie, une œuvre, sur France Culture) dresse un portrait sensible de peintre avant d’en faire un portrait de femme.