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D’après l’étude du Reuters Institute et de l’Université d’Oxford, 37% des moins de 30 ans aux États-Unis s’informent régulièrement grâce aux créateurs de contenu. En même temps, avec les réseaux sociaux, plus besoin d’attendre les journaux à horaire fixe : en quelques clics, on trouve des vidéos accessibles, compréhensibles et faciles à partager sur quasiment tous les sujets. Les médias traditionnels sont-ils en danger ?

Des formats moins longs pour capter l’attention

Les réseaux sociaux ont complètement changé la façon dont on s’informe. Avec des plateformes comme X ou TikTok, les infos viennent maintenant à nous sans avoir besoin de les chercher. Selon le baromètre Kantar Public, 75% des 18-25 ans s’informent principalement sur Internet, avec près de la moitié seulement via les réseaux sociaux.

Selon certaines études, à force de scroller sur les réseaux et d’être exposé à des milliers d’informations différentes par jour, notre taux d’attention aurait baissé. Entre 2000 et 2015, il serait passé de 12 à 8 secondes : le manque de sommeil et la quantité d’informations digérées empêcheraient notre cerveau de se reposer correctement. Les émissions longues à la télé deviennent donc de plus en plus indigestes, surtout pour la jeune génération. La Gen Z ne veut plus écouter de débats interminables, perçus comme biaisés ou élitistes. Elle veut des formats courts, dynamiques, incarnés, avec des créateurs qui vont droit au but.

Les créateurs de contenu : nouveaux vecteurs de l’actu

Aujourd’hui, près d’un créateur de contenu sur 4 exerce ce métier à temps plein. Et parmi eux, une génération de news creators s’impose : plus authentiques, pédagogues et libres, ils apparaissent plus proches de leur public et peuvent parler de sujets peu ou mal relayés dans les médias traditionnels, comme Greta Thunberg qui utilise ses plateformes pour parler de la Palestine ou du changement climatique. Généralement, les créateurs de contenu sont plus connus au niveau local, de par la barrière de la langue et de la pertinence des infos, les plus grosses exceptions étant les personnalités anglophones comme Elon Musk.

Ces contenus prennent des formes très différentes : des formats longs centrés sur la politique comme le très conservateur Tucker Carlson, des formats plus courts et divers expliquant l’actus comme Hugo Décrypte sur toutes les plateformes ou des formats spécialisés sur des sujets plus niche comme Fabrizio Romano sur YouTube (Italie) et ses vidéos sur les transferts dans le football. 

Qu’ils fassent de l’infotainment, du gaming ou du contenu lifestyle, de plus en plus d’influenceurs glissent de l’actualité et de la politique dans leurs contenus. Comme Alex Cooper qui a invité Kamala Harris dans Call Her Daddy, un podcast abordant habituellement des sujets sur un ton plus décontracté, Trevor Noah qui parle d’actus durant ses stand-ups sous la forme de satire ou Aminematue qui a organisé avec d’autres streamers français deux éditions du Stream For Humanity.

Vivre avec son temps

Même si les plus de 35 ans continuent de préférer regarder les actus sur les médias traditionnels (44%) aux créateurs de contenus (35%), la tendance commence à bien s’inverser chez la nouvelle génération (41% vs 48%). Selon les pays, le nombre de personnes qui s’informent régulièrement sur les réseaux diffère : au Nigéria, 79% des personnes ayant des réseaux sociaux s’informent dessus chaque semaine contre 24% au Japon. 

Les médias classiques ont compris qu’ils ne pouvaient plus rester à l’écart. Le Monde ou BFM-TV investissent dans TikTok, Instagram, YouTube : on parle plus vite, on montre plus et on simplifie. Des médias destinés aux jeunes, comme Brut, sont pionniers dans l’adoption de ces nouvelles approches créatives. Les journalistes ont eux aussi augmenté leur présence sur les réseaux sociaux, comme Bisan Owda et Plestia Alaqad, journalistes palestiniennes documentant le génocide en cours. Et parfois, les mondes se croisent : Squeezie, après sa vidéo polémique sur les pyramides, a appris de ses erreurs et collabore maintenant avec des professionnels, comme la journaliste Justine Reix pour sa vidéo Cet agent secret français est un énorme mytho.

La ligne entre influence et journalisme existe toujours : les créateurs n’ont pas la même expertise ni les mêmes contraintes. Mais elle devient de plus en plus fine et des influenceurs occupent déjà une partie de leur terrain. Sur les tapis rouges comme Paola Locatelli aux NMA ou sur les fils d’actualité comme Bavardage, les créateur.ices deviennent peu à peu les nouveaux visages de l’information. C’est souvent imparfait, mais tellement efficace. Plutôt qu’une guerre d’influence, l’avenir de l’info ne se joue-t-il pas dans une collaboration mêlant rigueur et spontanéité, vérification et viralité ?

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