La Princesse Vampire raconte l’histoire d’une princesse originaire de République Tchèque. N’arrivant pas à avoir d’enfant, la jeune femme capturait des louves pour en boire le lait, censé rendre les femmes plus fertiles, inspiré des légendes de Romulus et Remus. Après de nombreuses tragédies, la Princesse s’est retrouvée seule dans son château à Český Krumlov pendant de longues années. Atteinte d’un mal mystérieux, ses habitudes lui valurent son surnom de la Princesse Vampire…

Nous avons interviewé Octave Broutard, producteur et auteur de la pièce radiophonique La Princesse Vampire, qui veut faire vivre des sensations aux auditeurs à travers ses œuvres, en utilisant principalement le son 3D.

La Princesse Vampire : un docu-fiction

La Princesse Vampire est une histoire vraie assez impressionnante d’une princesse et chasseuse buvant le lait de louve pour se rendre plus fertile. N’ayant jamais été traitée sur le plan fictionnel, Octave y a vu une opportunité amusante pour mélanger fiction et réalité. Le script de l’épisode est basé sur des faits réels, avec des interstices fictifs en son 3D, comme si le documentaire se faisait petit à petit vampiriser par la fiction.

Cette pièce radiophonique, accompagnée d’une bande musicale réalisée par Jefferson Lembeye, mélange une visite du Château de Český Krumlov à des scènes illustratives de la vie de la Princesse racontées par trois narratrices. Cette combinaison rend l’histoire de la Princesse Vampire plus contemporaine et permet aux auditeurs d’entendre l’acoustique du Château et les bruits de portes, de pas, du vent, pour une immersion totale.

Réincarnation et vie éternelle

La Princesse Vampire incarne une figure de femme qui se déclinerait à toutes les époques et dans toutes les langues, comme les histoires de vampires qui traitent de la vie éternelle. Plusieurs narratrices racontent l’histoire de la Princesse : les différentes voix et langues permettent d’en proposer différentes interprétations. La plus jeune des narratrices raconte l’histoire de la Princesse au présent, comme si elle l’avait elle-même vécue, le contraste entre les différentes voix brouillant les pistes temporelles.

En plus du français, une des narratrices parle en allemand, la langue aristocratique de l’empire autrichien, et une autre ajoute des didascalies en tchèque, agissant comme un rappel que l’histoire se déroule en République Tchèque. Les propos en allemand sont partiellement traduits en français, faisant vivre cette langue comme une musique, participant à l’ambiance du récit, et laissant les bilingues découvrir de nouvelles choses.

Une expérience particulière pour les auditeurs

Avec une création 100% sonore utilisant le son binaural pour créer une ambiance immersive, l’auditeur est invité à fermer les yeux et à se plonger d’emblée dans le noir, laissant son imaginaire se déployer. Le son 3D permet de distinguer clairement les différentes voix et les plans et fait ressentir des sensations en jouant avec les tons, l’espace et les bruits d’ambiance en arrière-plan. La bande sonore a été réalisée par Jefferson Lambey. Elle accompagne le récit pour renforcer l’ambiance sensuelle et sombre. Quelques passages de musique classique du compositeur Heinrich Biber, contemporain de l’histoire de la Princesse, sont également remixés pour accompagner l’histoire.

La voix du guide dans le château, mélangée aux chuchotements des narratrices et aux sons d’animaux torturés, crée une atmosphère entre le conte et le récit d’horreur, et rend certaines scènes presque insupportables, malaisantes, oppressantes. Grâce au son binaural combiné au chuchotement des narratrices, l’auditeur a même l’impression que certains personnages se trouvent juste derrière lui, ce qui le plonge dans une sphère d’intimité indescriptible.

Ce podcast a pour but d’ouvrir un imaginaire et de remuer l’auditeur, en mobilisant les codes de l’angoisse, en mettant en scène des personnages troublants et en créant une ambiance pesante.

Un Atelier de Création Radiophonique en son 3D pour une Expérience d’Octave Broutard, réalisée par Céline Ters. Son spatialisé : Frédéric Changenet.