Podcast : “Traître de classe”, pas facile de quitter son milieu social |
Fille de modestes immigrés algériens, Khedidja Zerouali, en devenant journaliste, a creusé un fossé culturel entre elle et sa famille. Elle le raconte dans un récit drôle et sincère.
« J’ai appris que j’étais pauvre en entrant à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille. » Khedidja Zerouali — dont la mère était, enfant, bergère « dans un village paumé en Algérie » et le père, ouvrier agricole, a fini par devenir exploitant — raconte dans Traître de classe le malaise qui la saisit au moment de s’insérer dans un autre milieu que le sien. Cette « boursière échelon 6 », qui n’a fait ni Sciences Po ni une prépa cotée, raconte avec humour et franchise le fossé qui s’ouvre avec sa famille.
« Toi tu sais tout, tu es au courant de tout », lui lance sa mère, tandis que son père n’a pas le temps de lire ses articles. La jeune femme sonde le sociologue Jules Naudet (Entrer dans l’élite, éd. PUF), l’écrivaine Fatima Aït Bounoua, ou cite La Place, d’Annie Ernaux. Dit sa déception face aux psys — « pourquoi vouloir appartenir à des groupes qui ne sont pas les vôtres ? » lui demande-t-on. Ce court témoignage est lancé comme un uppercut.