Podcasts : sur Radio Nova, les fictions font peau neuve |
Des immigrés transformés en colis alimentaires, les data expliquées par des crèmes glacées, changer de vie comme on change de montre… Les lauréats du prix SACD/Radio Nova de fictions sonores courtes ont un point commun : leur originalité.
Si une boule de cristal pouvait vous révéler des choses, que voudriez-vous savoir ? Ce n’est pas une de ces questions à tiroirs si chères à Augustin Trapenard dans son émission Boomerang sur France Inter, mais un test élaboré par un de ces scientifiques américains cherchant à décoder l’âme humaine comme un kit de montage de meubles. Une expérience destinée à faire tomber amoureux deux partenaires inconnus, qui y suivraient la procédure décrite dans 36, le scénario original de Brice Andlauer, l’un des lauréats du prix SACD-Radio Nova avec Longueur d’ondes. Pour cette première édition (qui s’est déroulée en juin), le thème – Ça change tout et ça change vite – a invité les auteurs à proposer une fiction innovante aussi bien dans le récit que dans l’écriture. Un vaste terrain de jeu ouvert aux créations surréalistes. Le jury réuni pour sélectionner des histoires toutes plus incongrues les unes que les autres, parfois poétiques et le plus souvent hors cadre, n’a pas été déçu par la créativité des candidats.Cinq projets primés sur deux cent cinquante reçus ont depuis été mis en ondes par le producteur et réalisateur Benoît Thuault et sont désormais disponibles en ligne.
Dans Ultima Cena, de Guillaume Abgrall, les migrants sont vus à travers le prisme de l’apport journalier en protéine qu’ils représentent. Le présentateur du flash info, joué par le matinalier Thierry Paret, évoque « un changement radical qui, s’il pose des questions éthiques, ouvre des perspectives sur les objectifs du millénaire […] réglant à la fois le sort des exilés et soulageant celui des affamés. Le président des Français salue lui-même une solution sans impact sur le réchauffement climatique puisque les réfugiés se révèlent être des colis alimentaires dotés de leur propre force motrice ». Mais les agriculteurs ne l’entendent pas de cette oreille, et craignent que la viande d’immigrés ne concurrence la production locale de viande…
Dans Printemps de givre, de Laurent Cruel, des glaces à la crème dialoguent avec des sorbets au fond d’un congélateur. Les jeux de mots s’enchaînent avec un comique de situation qui répond au cahier des charges du jury, incitant les auteurs à faire preuve d’originalité. Mission réussie pour Le Work Wild Web, de Mariannick Bellot et Anne-Claude Romarie, qui explorent l’absurde dans la tête de travailleurs virtuels chargés de ranger les milliards de données déversées par les humains : « Le cloud grossit, le ciel s’obscurcit, bienvenue dans le Work Wild Web. »
Changement de vie, de Nathalie Sabato propose, quant à lui, de s’acheter un nouveau destin comme on change de voiture ou de sexe… « La fiction est un terrain de création génial pour Nova, explique Mélanie Mallet, la directrice d’antenne. On a tous écouté les longues productions de France Culture, mais les formats courts sont plus dans l’air du temps et dans notre ADN. »
Si Radio Nova privilégie toujours plus la musique au détriment des programme dans sa grille de rentrée – la cultissime Nova book box de Richard Gaitet passant d’une quotidienne à une hebdomadaire –, le site en revanche compte renforcer ses podcasts avec des fictions, des documentaires, également des émissions, réduites ou non retenues à l’antenne, mais qui seront bientôt développées par les mêmes animateurs sur le site. Cette fois sans restrictions là où ils pourront tenter de poursuivre la mission originelle de Radio Nova : se faire visionnaire, pas moins !