“Intérieur Queer” : le prometteur premier podcast natif du service public consacré aux questions LGBT+ |
Dans l’air du temps, France Inter lance (enfin) un podcast natif consacré aux cultures LGBT+. La station affirme son engagement, dans le sillage de l’émission hertzienne “Pas son genre”.
Quand, l’an passé, il propose à France Inter de lancer une émission consacrée à la culture queer, Hugo Combe reçoit de la direction des programmes une réponse négative mais polie, voire prometteuse : « Voilà qui ferait plutôt un bon podcast. » « Ce sont des sujets plus risqués à traiter à l’antenne, comprend Gabriel Debray, embarqué dans cette aventure au côté d’Hugo. Les questions traitées divisent car elles sont toujours abordées sous des angles législatifs, par les médias comme par les gens de La Manif pour tous. »
Qu’à cela ne tienne, Hugo Combe, attaché de production à Pop N’Co et Une Journée particulière sur la même antenne, inaugure donc le tout premier podcast de Radio France dédié aux identités LGBT+ (lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexe, et tous les autres dont asexuels, pansexuels…). Intérieur Queer est annoncé comme « hybride, polyphonique et militant ». Une série en dix épisodes engagés, diffusée dans le sillage de l’émission hebdomadaire Pas son genre de Giulia Foïs – également une nouveauté de la rentrée dans la grille des programmes. Deux rendez-vous sur les identités de genre qui marquent une volonté de la chaîne de s’ouvrir à ces sujets dans l’air du temps, et de capter par la même occasion des auditeurs plus jeunes.
De conversations à la cantine jusqu’au podcast
Une fois par mois, Hugo Combe réunit trois camarades queer et assumés comme lui, dont Gabriel Debray, Camille Mati et la réalisatrice Flora Bernard. « Tout est parti de l’idée de transposer nos conversations à la cantine de Radio France sur ce thème de prédilection en podcast, se souvient Gabriel. Un projet qui veut casser les codes de la société classique et hétéropatriarcale. » Âgés de 24 à 32 ans, les intervenants se rassemblent autour d’une bouteille de vin pour débattre « sans l’arbitrage ou le filtre d’un hétérosexuel », se félicite Gabriel. Une conversation intime « mais pas excluante », insiste-t-il. Parfois un peu confuse et verbeuse, qui gagnerait à être davantage documentée. On y entend tout de même des interviews et des reportages visant à expliquer ce qu’est le queer, mais aussi ses enjeux tant culturels que politiques.
Ce qui n’est pas si simple à les entendre. Car s’ils ont en commun de casser le moule de l’hétéronormativité, chacun cherche son queer et ne le vit pas de la même façon. Reste à se réinventer puis à s’affirmer dans une société discriminante. Hugo Combe n’est pas engagé sur le terrain et son entourage LGBT+ lui reproche « de ne pas assez politiser sa sexualité ». Gabriel et Flora, eux, militent activement et participent à des manifestations comme Les marches des fiertés, Existrans... Gabriel – qui est trans – parle plutôt de « performer son genre » pour marquer son positionnement. Le queer reste éminemment politique et ces lieux de convergence de luttes (en faveur du mariage pour tous, de la révision des lois de bioéthique, la PMA…) racontent une époque où le patriarcat est devenu obsolète.