Le témoignage bouleversant de Paulette Sarcey, résistante à Auschwitz, en exclusivité sur RFI |
Résistante juive communiste, Paulette Sarcey a été déportée en 1943. Enfermée à Auschwitz, la jeune fille a continué à lutter contre l’oppresseur nazi. En 1986, elle livrait un témoignage bouleversant, diffusé en exclusivité dans “La Marche du monde”, sur RFI, dimanche 26 janvier.
En juin 1943, Paulette Sarcey, 19 ans, est déportée de Drancy à Auschwitz. Avec son groupe de résistants communistes juifs, elle fait une promesse : « Il faut rester ensemble pour être forts. Pour survivre. Pour que quelqu’un sorte raconter. » Quarante ans après, la Française tient parole en témoignant dans le documentaire de Jean-Patrick Lebel, Cité de la Muette. Pour la première fois, l’intégralité de cet entretien sort en DVD (dans une coédition Ciné-Archives et Périphérie). Il est diffusé en exclusivité dans La marche du monde, sur RFI, cette semaine ; la productrice Valérie Nivelon le commente avec sa justesse de ton habituelle.
Paulette — 95 ans aujourd’hui — parle bien. Sa voix douce est assurée, digne. Parfois elle se tait un instant, lorsque la violence qu’elle dit est trop forte, trop vive dans sa mémoire peut-être. Une chose frappe très vite dans cet entretien extrêmement touchant : la rescapée, qui n’était pas pratiquante, se conçoit avant tout comme résistante, bien plus que juive. À tel point qu’en arrivant au camp elle ne comprend pas pourquoi on ne lui donne pas le statut de prisonnière politique, elle qui risquait sa vie en lâchant des tracts dans les cinémas de Paris. Elle qui toute jeune déjà avait refusé de porter l’étoile jaune pour aller en classe. C’est cette aptitude naturelle à la résistance — impressionnante — qui la fera tenir derrière les barbelés polonais.
Des chants politiques fredonnés en sourdine
Dans le train qui l’emporte, elle trouve la force de jeter quelques lettres par la fenêtre. Une fois enfermée, elle ne perd pas l’espoir de la révolte. Avec ses compagnes de calvaire, elle crie aux nouveaux arrivants, qui attendent leur tour sur le chemin des chambres à gaz, de se rebeller. Elles essaieront aussi de faire sauter un four crématoire en récupérant de la poudre dans les usines de munition où elles travaillent… « Les filles qui ont fait ça ont été pendues. Elles sont mortes courageusement en criant que les Allemands seraient vaincus, et que des gens vivraient pour raconter », se souvient la rescapée avec émotion.
En témoignant, Paulette Sarcey nous livre un nouveau regard sur Auschwitz, un camp où la résistance existait malgré tous les efforts des nazis pour ôter la moindre dignité humaine à leurs prisonniers. On redécouvre par exemple le Comité de résistance internationale, organisé par certains déportés, et les chants politiques fredonnés en sourdine, qui font tenir. Le récit de la résistante nous laisse dans l’admiration la plus totale.