Podcast : dans “Missive”, le désamour d’une mère en toutes lettres |
Jusqu’à sa mort à 18 ans, Ariane a recensé dans un carnet les preuves de désamour de sa mère Gisèle. Qui, interrogée dans ce fascinant podcast de Spotify après avoir fait publier les écrits de sa fille, reconnaît tous ses manquements.
Beaucoup sont ceux qui écrivent des carnets durant leur jeunesse, mais combien, comme Ariane, rédigent, archivent, commentent, trient […] l’histoire de leur propre vie ? » se demande Clémence Hacquart pour Missive, un podcast produit par Spotify où des anonymes relatent un message ou une lettre qui a changé leur vie.
Ce premier épisode nous livre le récit déchirant d’un amour filial contrarié. Durant sa courte existence, Ariane Grimm rédige plus de dix-sept carnets, savant mélange de journaux intimes et d’échanges épistolaires minutieusement retranscrits. Parmi ces reliquats, un dossier intitulé : « Ce qui concerne maman », dans lequel elle recense méthodiquement les preuves de désamour de sa mère, Gisèle.
À 18 ans, Ariane meurt dans un accident de moto, et Gisèle accède au fameux dossier, rempli de lettres d’amour et de haine. Il faut dire que Gisèle n’a rien du parent idéal. Dans une société où le désir d’enfant semble être la norme, elle n’a jamais souhaité en avoir : « Au fond de moi, je voulais m’en débarrasser et ça, malheureusement, elle le sentait », raconte-t-elle avec sincérité.
Son honnêteté est désarmante. Et comme Ariane, l’auditeur se trouve à son tour désorienté, tiraillé par l’envie d’aimer et de détester une mère qui n’a pas su faire. Rongée par la culpabilité, Gisèle décide de faire publier les écrits de sa fille, comme pour se faire pardonner : « Il fallait qu’elle vive. »