Sur France Inter, “La marche de l’histoire” fait une ode à Beethoven |
À partir du lundi 27 janvier, à 14h30, l’historien Jean Lebrun consacre quatre émissions au compositeur allemand, à l’occasion de son 250e anniversaire de naissance. Il nous présente le programme.
Quand Ludwig van Beethoven (1770-1827) fête son 250e anniversaire virtuel, les célébrations ne passent pas inaperçues. Radio France mobilise ses antennes depuis les fêtes de fin d’année. Cette semaine, c’est au tour de La marche de l’histoire, sur France Inter, de consacrer quatre émissions au compositeur, figure charnière de l’histoire musicale et grand témoin de la fin du XVIIIe siècle. Le producteur de l’émission, Jean Lebrun, nous donne un avant-goût de cette semaine beethovenienne.
Quels choix fait-on lorsqu’on programme quatre émissions sur une œuvre aussi colossale que celle de Beethoven ?
On ne va pas chercher à faire une intégrale, bien sûr ! Ce n’est pas notre objectif, et puis vous en trouverez plein ailleurs cette année. Lundi, avec le musicologue Bernard Fournier, nous parlerons du rôle fondamental de la surdité chez Beethoven, qui l’a saisi quand il avait 27 ans. Jean-Luc Godard, qui était un grand beethovénien, exprimait bien le rôle créateur que peut avoir le handicap. Quand on lui demandait s’il était pire pour un cinéaste de perdre la vue ou de perdre les mains, il répondait « évidemment, c’est de perdre les mains ! », en invoquant notre capacité à avoir une vision intérieure. De même, on peut composer en étant sourd. Cela oblige à creuser, à intérioriser. Dans le cas de Beethoven, sa surdité à l’extérieur lui permettait même d’entendre la voix de Dieu.
Beethoven, mystique ?
On a dit qu’il était athée. Certes, il a composé peu d’œuvres d’art sacré. Mais la Missa Solemnis, qu’il considérait lui-même comme étant la meilleure, peut être entendue comme un dialogue quasi christique entre lui et Dieu.
Commémorer Beethoven, c’est aussi commémorer sa réception au fil de l’Histoire…
Oui, deux émissions seront consacrées à cette circulation temporelle, à ce vagabondage et aux surprises qu’il réserve. Mardi, avec l’opéra Fidelio, on évoquera sa réception en France, et les rapports de Beethoven avec ce pays en révolution. Nous verrons aussi la manière dont l’œuvre s’inspire et dépasse la pièce du Français Jean-Nicolas Bouilly (1763-1842) Léonore et l’Amour conjugal. Nous évoquerons également la relation de Beethoven avec l’Empire, car il ne faut pas oublier qu’il crée l’opéra en 1804, c’est-à-dire au moment où Bonaparte devient Napoléon, ce qu’il ne lui pardonnera pas…
Le mercredi, je recevrai le musicologue argentin Esteban Buch autour de la Neuvième Symphonie et de sa réception politique comme « fétiche sonore de l’Occident ». Avant d’être l’hymne de l’Europe, elle fut celui de la Rhodésie du Sud, quand celle-ci fit dissidence en se mettant dans le sillage de l’Afrique du Sud et de l’apartheid.
L’émission du jeudi abordera la recherche, avec Beate Angelika Kraus, qui travaille aux Archives Beethoven de Bonn. Que nous apprennent-elles sur son époque musicale ?
Beethoven a vécu à une époque charnière en termes de styles musicaux, mais aussi au niveau de l’organisation économique de la musique. C’est à la fois l’époque des kapellmeisters – son grand-père travaillait comme maître de chapelle du prince-électeur de Cologne – et le moment où l’on voit émerger les nouveaux financeurs de la musique : les mécènes, les sociétés de concerts. C’est finalement la transition entre le fonctionnement du XVIIIe et celui du XIXe siècle, quand le statut du compositeur change.