Le bal des folles du professeur Charcot : thérapie ou voyeurisme ? Les psys ont la parole sur France Culture |
À la fin du XIXe siècle, le bal annuel des hystériques du professeur Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière défrayait la chronique… Fallait-il exposer ainsi des malades réputées fragiles ? Psychanalystes et psychiatres en débattent samedi 15 et dimanche 16 février dans “Une histoire particulière”.
Le 19 mars 1887, Le Petit Parisien raconte un événement particulier, survenu à l’hôpital de la Salpêtrière : « Très avenantes sous leur petit bonnet de tulle blanc, les infirmières affairées distribuent aux danseuses les verres de sirop et les petits gâteaux. Au milieu, on voit un fourmillement multicolore de quadrilles et de valses […]. Et tout ce monde joyeux, le rose aux joues et l’éclair de plaisir dans les yeux ; c’est la folie, pourtant ! »
La folie, car ce bal est celui des folles, comme l’appellent les journalistes. À la mi-carême, les patientes hystériques du célèbre professeur Charcot profitent d’une soirée déguisée, à laquelle sont invités quelques mondains. Si le roman de Victoria Mas Le Bal des folles (éd. Albin Michel, 2019) imaginait une fête sulfureuse, Virginie Bloch-Lainé pose un autre regard sur cette étrange tradition dans une double émission. « Oui la folie excite, elle est une machine à fantasmes. Mais je ne pense pas que ce bal visait à provoquer des choses extraordinaires. L’événement excitait avant tout les journalistes ! D’ailleurs, Charcot n’y assistait pas. »
Samedi 15 février, psychiatres et psychanalystes débattront de l’ambiguïté du neurologue, à la fois timide et mondain, qui exposait ses patientes en séances publiques d’hypnose. Le dimanche 16 sera consacré au cas de Jane Avril, une internée qui deviendra danseuse au Moulin-Rouge. Sa danse, qui semblait mimer des crises d’hystérie, témoigne d’une époque fascinée par les mouvements des corps empêchés.