Sur France Inter, la rage féministe de Delphine Seyrig n’a pas pris une ride |
Pour son émission “Boomerang”, Augustin Trapenard a eu la bonne idée de remettre en ondes des entretiens sur le féminisme avec l’actrice, morte en 1990.
Juste avant la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, France Inter propose ce vendredi 6 mars une journée « Toutes féministes », pour « faire dialoguer les féministes des années 70 et celles d’aujourd’hui, pour savoir quels sont les combats à mener », explique la patronne de la station Laurence Bloch dans le magazine Society. Impossible pour Augustin Trapenard, l’animateur de Boomerang, de trouver meilleure ambassadrice que l’actrice Delphine Seyrig, féministe radicale, signataire du Manifeste des 343 salopes et grande défenseuse de l’avortement. Seul hic : l’actrice est morte en 1990. Il en fallait plus pour effrayer le journaliste qui la ressuscite grâce à un patchwork d’archives à la qualité sonore disparate mais au discours très actuel : « C’est difficile pour une femme de se dire, “moi qu’est-ce que je suis, qu’est-ce que je veux ?” Elles se sentent coupables et c’est bien normal, on leur a fait sentir que leur rôle était de s’occuper des autres. »
Charge mentale, autocensure, engagement militant, avortement… Rien n’est laissé de côté par l’entretien fantôme, pas même l’ambivalence d’être actrice, et donc objet de désir, quand on milite pour des droits des femmes : « On cesse pratiquement de jouer dès lors qu’on ne veut jouer que des rôles qui donnent de la femme une image féministe, car ça n’existe pas, pas encore en tout cas. » En écoutant la voix chaude de Delphine Seyrig dans Boomerang, on se met à rêver d’un monde un peu plus female gaze et un peu moins anti-IVG. Féministes d’hier et aujourd’hui, mêmes combats.