Sur France Inter : vie et mort de Jean Hérold-Paquis, le collabo de la radio |
Dans “La marche de l’Histoire”, sur France Inter, Jean Lebrun dresse le portrait de Jean Hérold-Paquis, porte-parole zélé des nazis sur Radio-Paris, fidèle à ses convictions jusqu’à son procès, et son exécution en 1945.
Il trouvait Pétain « trop mou, trop tiède, trop timide » dans sa défense de l’Allemagne nazie. Jean Hérold-Paquis (1912-1945) n’hésitait pas à haranguer les foules à travers le poste de radio ou dans des tribunes, défendant les troupes de Hitler coûte que coûte. À ce journaliste français aux exécrables idées, Jean Lebrun consacre La marche de l’Histoire vendredi. En compagnie d’Yves Pourcher, auteur d’un livre sur le sujet (Le Radio-Traître. Jean Hérold-Paquis,
la voix de la collaboration, Alma éditeur), l’animateur retrace l’itinéraire d’une voix qui défendit le massacre d’Oradour-sur-Glane et les exactions de l’armée allemande jusque dans le box des accusés.
Tout commence en avril 1938 quand l’homme, venu des Vosges pour combattre dans la guerre civile espagnole, intègre la station franquiste Radio--Saragosse. Il y prend le pseudonyme de Jean Hérold-Paquis — du nom du quartier d’Arches où il a grandi — et y impose son style incisif de critique militaire. Il se fait une petite notoriété chez les nationalistes.
Une “guerre des ondes” face à Pierre Dac
En août 1939, c’est sur les ondes qu’on apprend que la guerre a éclaté. Elle se mènera aussi dans les foyers, par la voix de la TSF, que trois cents millions de personnes écoutent à travers le monde. Paquis l’a bien compris, le pouvoir est dans le micro. Après un passage éclair (et zélé) au poste de « délégué à la propagande » de Vichy, ses relations à l’Action française lui offrent d’officier sur Radio-Paris, devenue organe de propagande nazie. Il aime la guerre et le sang, la politique ne l’intéresse pas. Il a trouvé sa tribune.
Désormais membre du Parti populaire français de Jacques Doriot, le speaker devient l’une des vedettes de la France allemande. Depuis les studios des Champs-Élysées, il entame face à Pierre Dac de Radio Londres une véritable « guerre des ondes ». Chaque soir, c’est un Paquis surexcité qui déclame des chroniques militaires basées sur les communiqués fournis par l’armée allemande. « L’Angleterre, comme Carthage, sera détruite », annonce-t-il quotidiennement. Cette phrase deviendra sa devise. « Il mesurait mal la responsabilité qu’avait sa voix, il était enivré par son propre écho », commente Jean Lebrun. C’est bien sa parole qui entraînera sa perte : lors de son procès, en 1945, les disques des enregistrements de ses chroniques sont les seuls témoins à charge. Ils le mènent jusqu’au peloton d’exécution. Il avait commis un crime de radio, une traîtrise par les ondes.