Podcast : avec “C’est confiné”, les messages vocaux du confinement sont sur Arte Radio |
Le confinement, ça se vit comment ? Très différemment, que l’on soit enfant, parent, soignant, seul ou très entouré. Pour Arte Radio, Mathilde Guermonprez a rassemblé dans le podcast “C’est confiné” des instants de cette vie cloîtrée, les joies, les peines, l’espoir. Et aussi le désespoir.
Une voix se tord dans un rire, lui-même étranglé dans un sanglot. « Meuf, je crois que je fais un breakdown en fait, c’est chaud […] c’est pas normal d’avoir un fou rire pour une photo, et après ça m’a fait chialer, parce que je me suis rendu compte que j’ai pas ri comme ça depuis trop longtemps. » Les émotions oscillent et font le grand huit en l’espace de seulement dix secondes. Ce message, laissé sur un répondeur, condense parfaitement ce que le confinement a été pour beaucoup : un méli-mélo émotionnel. Il fait partie des deux cent vingt-neuf messages vocaux récoltés par Mathilde Guermonprez pour C’est confiné, un condensé de vie confinée laissé sur répondeur ou par note vocale sur les téléphones des auditeurs d’Arte Radio. L’autrice de podcasts avait déjà réalisé les désormais classiques C’est maman, C’est papa, C’est papy-mamie, sur le même principe.
Ici, ce sont onze minutes de messages fragmentés (on imagine que la sélection a dû être rude), passés à la moulinette d’un montage coriace, aussi redoutable qu’impeccable. Ça rit, ça pleure, et ça dit tant de choses sur nos vies confinées. Les inquiétudes, les petites réjouissances, les rancœurs, les colères larvées, l’humour indispensable à la survie, la vie quotidienne bouleversée et bouleversante.
Le confinement est tout cela à la fois : des jolis mots, un voisin coach sportif qui donne des cours par Skype toute la journée, des mômes qu’on a envie de tuer, des problèmes de farine, de l’entraide, des recettes de cuisine, de l’hyperactivité (« ton père est parti à fond, il a repeint la chambre d’en bas, il a nettoyé la gouttière, taillé les haies, rangé tout le garage »), du ménage, de l’école à la maison, de la détresse, et la mort, aussi.
Des messages de soignants pincent le cœur : « et lundi, il était déjà mort », raconte une étudiante à propos d’un patient. Les phrases sont laconiques et lunaires, mais ce qu’on entend là a presque valeur d’archive historique, du moins cela fige en son ce temps si inédit et particulier de la pandémie version 2020. C’est instantanément précieux. « Vivement le déconfinement, parce qu’à ce compte-là, on va tous finir alcooliques. Alcooliques et obèses. »