Ce que la crise des sous-marins australiens dit de la relation franco-américaine (et de Joe Biden) |
L'annulation du «contrat du siècle» fait enrager Paris. À juste titre?
Une claque pour la France. Mercredi 15 septembre, l'Australie a rompu un contrat à plusieurs milliards d'euros qui prévoyait la livraison d'une douzaine de sous-marins français à Canberra. Ce n'est pas une histoire d'argent, encore que, mais un revirement stratégique de la part du lointain pays, qui a décidé de s'associer avec les États-Unis et le Royaume-Uni pour protéger ses intérêts dans la zone indo-pacifique face à la Chine. Les trois pays ont passé un pacte, dit Aukus, prévoyant la construction de sous-marins nucléaires de technologie américaine, plus perfectionnés, sur le papier, que ceux à propulsion conventionnelle achetés à la France.
Ce choix a considérablement agacé Paris, qui a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian. Le ministre évoque un «coup dans le dos» de la part de l'Australie et dénonce le choix américain, qui «conduit à écarter un allié et un partenaire européen comme la France, d'un partenariat structurant avec l'Australie, au moment où nous faisons face à des défis sans précédent dans la région indo-pacifique». La colère est d'autant plus forte que le gouvernement français n'aurait pas été officiellement prévenu de ce changement de cap avant que celui-ci ne soit annoncé à la presse. Mauvaise ambiance entre des alliés historiques: une soirée de gala, prévue jeudi 16 septembre à Washington pour célébrer l'entente entre les États-Unis et la France, a été annulée à la dernière minute. Ça n'a l'air de rien, comme ça, mais en langage diplomatique, ça signifie qu'on est très fâché.
Le Monde devant soi, est podcast hebdomadaire d'actualité internationale présenté par Christophe Carron, avec Jean-Marie Colombani, directeur de la publication de Slate.fr, et Alain Frachon, éditorialiste au Monde spécialisé dans les questions internationales.