Sans notes
La Cour des comptes épingle la gestion de Radio France : les bonnes audiences ne suffisent pas

Dans son Rapport public annuel publié ce mercredi 6 février, la Cour des Comptes juge les efforts de Radio France insuffisants, et décrit sa situation financière comme “fragile”.

« Peut mieux faire ». Parmi les structures publiques évaluées dans le Rapport annuel 2019 de la Cour des Comptes, Radio France fait figure d’élève volontaire, mais aux résultats insatisfaisants.

La Cour apprécie certes les efforts du groupe radiophonique public depuis ses dernières préconisations données en 2015 (année d’une grève historique, longue de 28 jours, à la Maison ronde): la réorganisation des antennes a eu lieu, les audiences sont meilleures et rajeunies, la mutation numérique a démarré, et les rédactions dédiées au sport et à l’international ont été mutualisées.

Mais sous cette bonne santé de surface, la Cour estime que les causes profondes de la crise financière de 2014 n’ont pas été traitées. Pour preuve : un résultat net négatif de près de cinq millions d’euros en 2017, et une trésorerie précaire. « Compte tenu de la baisse attendue des ressources comme des résultats d’exploitation négatifs, ce sujet risque de devenir problématique à partir de 2019, d’autant plus que l’effort général demandé aux entreprises de l’audiovisuel public doit se traduire par une décroissance des versements de contribution à l’audiovisuel public », pointe le rapport. Outre les retards et les surcoûts de l’éternel chantier de la Maison ronde (fin prévue en 2023 au lieu de 2018), le document énumère une série de priorités pour les mois à venir. 

  • Augmenter le temps de travail et décloisonner les métiers

Rue Cambon, à la Cour, on s’agace : « C’est fou ! Radio France a beau faire des économies et augmenter ses recettes publicitaires, tout est mangé par la masse salariale ! » 

Selon les chiffres du rapport, en 2017, les charges du personnel de la Maison ronde dépassaient le plafond fixé par le Contrat d’objectifs et de moyens de six millions d’euros. 232 « équivalents temps plein » devaient être supprimés d’ici à 2017 : seule la moitié l’a été.

La faute, entre autres, à la refonte de la chaîne Franceinfo qui, avec son passage au « tout info », la création de sa jumelle télévisée et le lancement de son offre numérique, a nécessité la création de 49 postes au lieu des 28 prévus.

La Cour pointe également la précarisation des salariés : si le personnel permanent a diminué de 2% entre 2014 et 2017 (notamment avec le non remplacement d’un retraité sur deux), le personnel occasionnel a lui bondi de 8%,  avec +4% de CDD. « Un certain nombre de services ne fonctionnent que par des contrats précaires, parfois cumulés », déplore le rapport. 

“Les salariés de Radio France se comportent comme des consommateurs de droits”

Afin de réduire la masse salariale, la Cour prescrit une double solution : allonger le temps de travail (la majorité des journalistes de la Maison ronde ont droit à 14 semaines de congés par an), et décloisonner les métiers en prenant en compte l’arrivée de la vidéo dans les compétences des employés. Pour elle, l’accord sur la transition multimedia de 2017 ne suffit pas. « Malgré les assouplissements stipulés par l’accord sur la transition numérique, la grille des emplois fige l’organisation du travail. Son modèle reste largement décalqué de celui de la convention collective de la communication et de la production audiovisuelle de 1984. Même si, dans la pratique, des arrangements ont été trouvés, Radio France ne pourra toutefois pas éviter d’engager une remise à plat globale de cette grille, condition sine qua non pour dégager des économies durables sur ses charges de fonctionnement », presse le rapport, tout en relevant la refonte à venir de la Direction technique du groupe.

Dans sa réponse publiée à la suite des recommandations, la PDG du groupe Sibyle Veil précise qu’un questionnaire a été réalisé en 2018 pour amorcer une refonte de la grille des métiers. 1 400 réponses ont été reçues – alors que Radio France emploie plus de 4 700 personnes. Des ateliers sont en cours, et le dialogue avec les syndicats commencera dès les élections professionnelles terminées (le second tour s’achève le 7 février).

Le dialogue social est d’ailleurs vertement critiqué par les magistrats, qui citent un rapport sur l’organisation du travail commandé à un cabinet externe en 2017 : les salariés de Radio France – ils apprécieront la formule – y sont qualifiés de « consommateurs de droits » bloquant les tentatives de réforme.

  •  Mouv, Fip et les orchestres dans le viseur

Sans surprise, la Cour, comme dans son dernier rapport de 2015, préconise de réduire les coûts d’antenne en ciblant Mouv’ – la station dédiée à la jeunesse – et Fip. La première est appelée à quitter les ondes pour devenir purement numérique. La seconde, diffusée sur dix agglomérations et appuyée par trois locales à Nantes, Strasbourg et Bordeaux, est mise au pied du mur : « le maintien de programmes locaux dans trois villes sans raison légitime demeure une incongruité », assène la Cour. Un désaveu qui risque de glacer les « Fipettes », qui défendent régulièrement leurs programmes. 

Même verdict sans appel pour les deux orchestres de Radio France, malgré les 22 postes supprimés entre 2015 et 2017, et l’explosion de la fréquentation des concerts donnés à l’auditorium. La Cour, qui demandait déjà la fusion des deux formations en 2015, n’en démord pas : « il n’est ni dans la vocation ni dans les moyens de Radio France de conserver en son sein deux orchestres symphoniques ».

Dans sa réponse, Sibyle Veil défend les recettes de ses orchestres et les audiences hertziennes de Mouv’, mais reste plus vague sur Fip avec cette phrase obscure : « La Cour recommande également la suppression des programmes locaux de Fip. Une réflexion est en cours afin de parvenir à un meilleur aménagement de la présence de Radio France dans les territoires tout en tenant compte de la trajectoire financière de l’entreprise. » 

  • Coopérations entre France Bleu et France 3 : mettre fin au mystère

Parlons des territoires, justement, avec les projets de coopération entre France Bleu et France 3. « On n’y comprend rien, on ne sait pas où on va », grogne-t-on rue Cambon. Pour la bonne et simple raison qu’aucun objectif clair et chiffré n’a été donné pour guider les diverses expérimentations en cours depuis janvier, dont des matinales à Nice et Toulouse. « Plus de proximité », a simplement demandé le gouvernement, qui tarde à donner un calendrier précis pour sa réforme de l’audiovisuel public.

La Cour, qui s’inquiète des coûts additionnels des synergies à venir, agite l’épouvantail Franceinfo : « une telle évolution, impliquant des milliers de personnes partout en France, ne pourra se faire dans des conditions identiques à celles qui ont présidé à la création de la chaîne publique d’information, sans objectif ni gouvernance précisément décrites. Plusieurs voies pourraient être suivies : la création d’une filiale commune à France Télévisions et Radio France réunissant les deux réseaux ou la création de treize filiales régionales. En tout état de cause, il est urgent, au-delà des expérimentations, que le sens de cette initiative soit clarifié. » L’urgence attendra : l’évaluation des expérimentations est prévue pour juin.


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