Le péril jeune : sur France Culture, une turbulente histoire du phénomène de bandes |
Fripons du Moyen Âge, apaches, “jeunes de banlieue”… “LSD, la série documentaire” propose cette semaine un grand angle sur le phénomène de bandes au fil des époques, et les réactions plus ou moins effarées de la société face à la jeunesse turbulente.
Au Moyen Âge, les jeunes chevaliers pillent les campagnes tandis qu’en ville les étudiants s’alcooli-sent, violent les filles et organisent des charivaris bruyants dans les rues. Au XVIIIe siècle, en pleine crise économique, des jeunes en rupture volent ce qu’ils peuvent pendant que la presse et l’État construisent une mythologie de bandes de brigands sanguinaires… Quelques années plus tard, dans les années 1900, ils seront remplacés dans les colonnes des journaux par les nervis marseillais et les apaches parisiens, qui désertent les usines et affolent la bonne société bourgeoise. Le Petit Journal s’indigne : « Ils pullulent, ils foisonnent, ils sont partout ! » Après la guerre, les orphelins du deuxièmie conflit mondial vivent comme ils peuvent. En 1949, 15 % de la violence criminelle en France est commise par des mineurs… lesquels bénéficient d’une relative clémence de la part d’une société qui culpabilise de leur avoir imposé la guerre.
Les choses se corseront pour les blousons noirs, les premières bandes de filles, puis, dans les années 1980, les zoulous, les Black Dragons, et enfin les si médiatisés « jeunes de banlieue ». Avec, chacun, leurs codes vestimentaires, rappelle l’un des membres des Requins vicieux, adeptes des pulls -torsadés mais allergiques à la marque Lacoste : « La réputation de bande, c’est ça : vous êtes fort, et vous avez du style […]. Dès que ça commence à copier, vous changez. » Quel que soit le siècle, les jeunes Français indociles s’opposent à l’ordre établi et viennent perturber la société, qu’ils effraient d’autant plus qu’ils la défient en groupe.
Rixes et rituels à tout âge
C’est cette histoire captivante et riche en anecdotes que conte Perrine Kervran dans cette série documentaire en huit épisodes sur France Culture, servie par des historiens et des historiennes, des archives et des témoins directs pour les périodes les plus récentes. La réalisation navigue intelligemment entre les époques : on adore entendre les flashs radio outrés sur les blousons noirs, sur un fond de musique médiévale.
« Il y a des moments où la société prend peur de sa jeunesse, et des moments où elle ne prend pas peur », relève l’historien Jean-Jacques Yvorel. Quand la violence est là, elle choque. Les rixes entre bandes, les luttes géographiques entre quartiers ont tué aussi bien en région parisienne dans les années 2000 que dans le Quercy en 1818. Autant d’épreuves rituelles imposées pour la virilité de jeunes hommes en quête de réputation, l’adrénaline et la peur chevillées au cœur.
À écouter
Y LSD, la série documentaire, de lundi à vendredi, à 17h, sur France Culture. Réalisation : Séverine Cassar. 8 × 29 mn.