Décès d’André Francis, alias “Monsieur Jazz” |
Il défendit le jazz sur les ondes de France Musique, de Culture ou d’Inter, tout en produisant des concerts et en programmant des festivals. André Francis, alias “Monsieur Jazz”, est décédé mardi 12 février à 93 ans.
Du jazz, il disait être devenu spécialiste « par décantations successives » (dans un entretien à La Croix). Décédé mardi 12 février, à 93 ans, André Francis incarnait fortement ce genre musical, qu’il a fouillé pendant cinquante ans — jusqu’à sa retraite, en 1996. En 1947, à 22 ans, il débute à la radio en animant une émission sur la littérature africaine, tout en organisant en parallèle ses premiers concerts. Une activité de production double, donc, qu’il gardera tout au long de sa carrière.
Le surnom de « Monsieur Jazz », il le gagne au fil de son activité médiatique sur France Musique, Inter ou Culture — où il anime Jazz Variétés, Jazz sur Scène ou Jazz vivant —, ou encore à la télévision. Mais, bien que flatteur, le sobriquet ne lui plaît pas : « Ça me gêne, livrait-il au micro de Thomas Baumgartner en 2011 (pour Mythologie de poche de la radio, sur France Culture). J’ai un grand respect pour les musiciens, les autres ne sont que des gens qui viennent parler. Du reste, je parlais peu [à l’antenne], je donnais les informations indispensables. »
En 1956, il manque coanimer la mythique Pour ceux qui aiment le jazz, sur Europe n°1. « J’étais alors sous contrat avec Radio Tanger International, dont j’étais le directeur artistique, de sorte que j’avais dû refuser, expliquait-il en 2012 dans un entretien à Jazz Magazine. (...) Quand je suis rentré du Maroc, j’ai recommencé à travailler pour la RTF, où je m’occupais des nouveaux programmes en modulation de fréquence. J’avais toute liberté de faire ce que je voulais. Malheureusement, il n’y avait guère d’auditeurs, car tout le monde était encore équipé de récepteurs à grandes ondes et ondes moyennes ! (...) En cette année 1958, j’ai enregistré quarante-cinq concerts pour la radio publique : c’est quand même important, même s’il s’agissait la plupart du temps d’orchestres français. »
Lui qui a programmé les festivals de jazz de Châteauvallon et de Paris a participé à la création de l’Académie du jazz en 1955, publié le livre-somme Jazz en 1958, pris la tête du Bureau du jazz de Radio France à partir de 1964, présidé l’Orchestre National de Jazz fraîchement lancé en 1986… Tout en ouvrant l’antenne de Radio France « pour faire entendre toutes sortes de jazz, du ragtime du XIXe siècle à des musiques d’aujourd’hui ». Avec générosité, et sans sectarisme.