Meilleurs podcasts : un récital de Julie Fuchs, le journal intime de Jane Birkin, et le portrait d’une jeune danseuse |
Tous les vendredis, “Télérama” vous emballe le meilleur de ses podcasts de choix, à glisser dans vos oreilles le week-end. Cette semaine, vibrez avec la pétulante soprano Julie Fuchs, plongez dans les souvenirs intimes de Jane Birkin, et découvrez le quotidien d’un petit rat.
Dans l’actu
Elle allie un timbre gracieux et puissant à un sens du comique sûr. Eclectique, la soprano Julie Fuchs s’est fait remarquer dans la comédie musicale La Mélodie du bonheur (au Châtelet en 2009) aussi bien que dans Le Comte Ory (à l’Opéra Comique en 2017). La pétillante chanteuse – qui sort un deuxième disque, Mademoiselle – s’est vu offrir une carte blanche lundi sur France Musique. Avec notamment la diffusion d’un récital d’airs variés (Debussy, Cole Porter ou Barbara), avec Alphonse Cemin au piano, enregistré le 21 janvier au Théâtre de l’Athénée - Louis-Jouvet à Paris. Délectable !
Le journal intime de Jane
Munkey est bien plus qu’un petit singe en peluche habillé en jockey, gagné à une fête foraine dans les années 50. D’abord, il est magique. Il protège ceux qui l’aiment. Et puis c’est un excellent confident. Sa célèbre propriétaire, Jane Birkin, lui a livré ses pensées des décennies durant, à travers un journal intime (Munkey Diaries : 1957-1982, éd. Fayard) désormais public, dont elle discute ce jour-là dans l’émission Par les temps qui courent, sur France Culture. L’atmosphère est feutrée et, de sa voix douce, Marie Richeux fait revivre la jeune Anglaise qui s’imaginait, en 1962, que lorsqu’elle serait très vieille, « 40 ans à peu près, avec des centaines d’enfants et tout », elle serait peut-être triste de lire quelqu’un d’aussi jeune. « Quand je boiterai, je pleurerai peut-être un peu de toutes mes activités passées et sangloterai peut-être face à mes jeunes os et mes idéaux. »
Danseuse
« Le piano dans un coin de salle, quelqu’un avec les pointes aux pieds, ou un justaucorps fluide, très brumeux, un peu irréaliste. » Dans Danseuse (une pastille d’Arte radio de 2003), Marie-Astrid, 15 ans, décrit son école de danse – celle, très prestigieuse, de l’Opéra de Paris –, comme une peinture. La jeune fille, interrogée par Jeanne Robet, possède une sensibilité artistique affirmée qui, délicatement, se mêle à une détermination et une maturité certaines : « Je ne veux pas avoir la même vie que les autres », affirme-t-elle, consciente d’avoir dû faire des choix de carrière plus tôt que la plupart des adolescentes de son âge. Sans cesse regardés, les élèves doivent être « rayonnants tout le temps », confie-t-elle. Avec lucidité, elle n’oublie pas d’évoquer ses difficultés d’enfant – comme le fait de vivre à Paris, loin de sa famille, avec qui elle a « complètement coupé le lien », pour espérer un jour côtoyer les étoiles. Ce mini-documentaire fait entrer son auditeur, sans manichéisme, dans l’univers souvent fantasmé d’une institution exigeante.
Et aussi…
Le bon tempo de Nino Rota. On ne l’imagine pas, mais l’Italien Nino Rota (1911-1979) fut longtemps décrié par la critique. « Ses œuvres orchestrales étaient jugées trop classiques, et ses musiques de films, trop populaires », explique le producteur Thierry Jousse, qui lui consacre deux épisodes de Ciné tempo, sur France Musique. « En avance sur son époque », le compositeur, complice notamment de Fellini (La Dolce Vita), a aujourd’hui une influence majeure dans le milieu du jazz, où ses mélodies sont souvent reprises.
Edgar Allan Poe. Le personnage principal de La Chute de la maison Usher, d’Edgar Allan Poe, pourrait être son narrateur, venu au chevet d’un ami à l’âme tourmentée. Ou cet ami, Roderick Usher, à l’héritage lourd, intimement lié à son manoir familial. Mais celle qui mène la danse de ce récit, c’est cette maison, et ses « fenêtres semblables à des yeux distraits ». Une respiration qui s’emballe, un timbre de voix qui blanchit et l’orage qui gronde… L’adaptation radio de cette Nouvelle Histoire extraordinaire, enregistrée pour France Culture à la faveur d’une nouvelle traduction – Christian Garcin et Thierry Gillybœuf ayant modernisé celle de Baudelaire (éd. Phébus) –, happe les oreilles et s’infiltre sous la peau.