Sur France Culture, “Pinocchio” retrouve toute sa noirceur |
Il est aussi naïf que roublard. Revenant à la version originale de 1881 du conte italien, le réalisateur Cédric Aussir en signe une adaptation à la fois inquiétante et élégante.
C’est une tête à claques accro au sucre, dont le nez grandit au fil des (nombreux) mensonges. Pinocchio n’a pas changé, il fait toujours tourner en bourrique ce pauvre Gepetto. Incarné avec subtilité par Rufus, le vieil homme finit dans un éclair de lucidité par pester : « les enfants sont des monstres, j’aurais dû m’en douter ! »
Pour France Culture, le réalisateur Cédric Aussir a choisi d’adapter les écrits de 1881 de Carlo Collodi. Avec l’idée de « retrouver l’esprit de l’œuvre originale, rétablir la noirceur et conserver la cruauté avec lesquels ce conte a été façonné ». Il sert ainsi un récit qui met en lumière « les inquiétudes du monde des adultes et surtout la perception qu’en ont les enfants ».
Sur une musique à la fois inquiétante et élégante de Manuel Peskine, interprétée par l’Orchestre philharmonique de Radio France, le pantin façonné à partir d’une bûche de bois brûlé cultive sa paresse. « Travailler, c’est fatigant, je ne suis pas fait pour ça », estime-t-il avec la voix insolente de Solal Forte.
Il ose tout, même pousser son paternel à vendre son paletot rapiécé et néanmoins précieux pour lui procurer un abécédaire, qui ne lui servira finalement pas. Pinocchio préfère se laisser convaincre que l’école est dangereuse (« on s’y casse les poignets, on en revient avec la boule au ventre »), et l’éviter. Rythmée, sombre et fascinante, la fiction — enregistrée en public au studio 104 de Radio France — réussit parfaitement à rendre la roublardise mêlée de naïveté du garçonnet.
À écouter
r Théâtre et Cie, dimanche 1er mai à 20 heures sur France Culture. Réalisation : Cédric Aussir. 120 mn.