Sur France Musique, Robert Wilson déroule la bande-son de sa vie |
Dans Musique émoi, ce dimanche, le metteur en scène et plasticien partage la playlist qui résume sa carrière. Un dialogue nourri.
Il est de ceux qui façonnent l’image et font percer la lumière sur les planches. Dans Musique émoi, sur France Musique, le metteur en scène Robert Wilson retrace cinquante ans de carrière à travers une playlist délicate qu’il a composée. De cet entretien très personnel et profond, on retient son amour de la contradiction. Celle, déjà, d’un homme connu pour sa construction du visuel — il est aussi plasticien —, invité à s’épancher sur son rapport au son. « Chaque élément a besoin de son contraire », note-t-il de sa voix grave. C’est d’ailleurs ce que lui inspire un negro spiritual lancinant, dans lequel la chanteuse Marian Anderson exprime le drame des esclaves noirs déracinés : « Cette noirceur chantée avec légèreté et lumière, c’est tellement important au théâtre. »
Au micro de Priscille Lafitte, qui déroule habilement le fil de cet échange intense, rien ne semble animer l’artiste américain plus que la dualité. Sur scène, « le corps doit être de glace et la voix empreinte de feu ». Sa playlist compte presque entièrement des chants, et révèle une vie rythmée par des rencontres. Au creux de ses mots se succèdent Philip Glass (compositeur notamment de l’opéra Einstein on the Beach, que Wilson a mis en scène), la cantatrice Montserrat Caballé, le chanteur Tom Waits ou l’actrice Marlene Dietrich. Les morceaux, tous accompagnés d’une anecdote et d’un moment de vie, bercent ce dialogue introspectif. Et brisent parfois, avec beaucoup de douceur, le silence d’une hésitation, d’une pensée.
À écouter
r Robert Wilson dans Musique émoi, dimanche à 11h30 sur France Musique. Réalisation : Claire Lagarde. 90 mn.