Radio Nova fête 40 ans de “liberté bordélique” dans un podcast-fleuve de 40 épisodes |
Dans “La Danse du zèbre”, Radio Nova, 40 ans et toujours remuante, exhume des joyaux sonores produits depuis quatre décennies. Un véritable travail d’orfèvre, pour (re)découvrir cette expérience sonore.
La caverne d’Ali Baba existe pour de vrai : c’est une petite pièce rectangulaire, à Radio Nova, dans les locaux du XVIIIe arrondissement parisien qu’occupe la station depuis 2018. Cette caverne est peuplée d’étagères chargées de centaines de bandes qui renferment les joyaux sonores générés par Nova, depuis sa création par Jean-François Bizot et Andrew Orr, il y a plus de quarante ans. Guidés par la journaliste Isadora Dartial, chargée de valoriser « le fonds Nova », on pourrait y passer des heures…
Mais pour voyager dans le passé d’une radio, le meilleur véhicule reste évidemment le son. Le périple est désormais possible grâce à une série documentaire intitulée La Danse du zèbre : quarante épisodes, un pour chaque année depuis 1981, nourris par quatre-vingt-treize entretiens menés par les journalistes François Dayre et Matthieu Fontaine. « Ils ont récolté les souvenirs de trois générations passées à Nova : des jeunes pousses aux grands anciens, des standardistes aux directeurs, détaille Richard Gaitet qui a coordonné le projet. Pendant des années, on est resté assis sur un trésor d’archives. Du fait de nos équipes réduites, on ne les avait pas vraiment explorées et c’était regrettable. On a donc voulu faire entendre tous les doux dingues de Nova, et donner chair à ce que Bizot et ses complices appelaient la “liberté bordélique”. »
La liberté bordélique est bien là, grâce au travail d’orfèvre de sept réalisateurs qui restent fidèles au cap donné par Andrew Orr, rappelé dans la série par le journaliste Antoine Blin : « Nova devait être une expérience sonore. » Chaque épisode (nous en avons écouté onze) réserve son lot d’anecdotes et de moments uniques. À l’aide des archives, les souvenirs d’aujourd’hui prennent corps immédiatement : les débuts du hip-hop, avec les pionniers du rap Destroy Man et Jhonygo, qu’on entend sur Nova dès 1984, le concert de locomotives orchestré par Nicolas Frize et codiffusé sur TF1 en 1987, les canulars de Jean-Yves Lafesse ou le « 1er mai des immigrés » organisé par la station en 1988, face aux 14 % récoltés par Jean-Marie Le Pen à la présidentielle.
Ce voyage dans l’histoire fait son effet : on a écarquillé les yeux, ri, dansé, et peut-être même versé une petite larme… La Danse du zèbre s’adresse-t-elle aux nostalgiques ? « Non, prévient Richard Gaitet. On a souffert d’une expression qui colle à la peau de Nova et que je trouve injuste : “Nova, c’était mieux avant.” Cette série nous prouve que la Nova des années 2010-2020 n’est pas moins intéressante que celle des décennies précédentes. Elle rappelle que Nova, c’est avant tout des gens jeunes qui font de la radio à leur manière : en s’amusant sérieusement. Se rappeler de ça donne un carburant extraordinaire pour réinventer des émissions. » La capsule radio-temporelle n’est donc ni à enfouir, ni à vénérer…
À écouter
r La Danse du zèbre. Réalisation : Guillaume Girault, Benoît Thuault, Malo Williams, Mathieu Boudon, Tristan Guérin, Emmanuel Baux et Sulivan Clabaut. 40 × 45 mn.