Stéphanie-Marie Degand, le chemin d’une violoniste, sur France Musique |
Au micro d’Émilie Munera, sur France Musique, Stéphanie-Marie Degand retrace son chemin de musicienne avec simplicité et clairvoyance.
« Le plus pratique avec une main carrée, c’est le violon : tu lui en feras faire. » Voilà ce qu’intime, à la maternité, une de ses amies à la mère de Stéphanie-Marie Degand. Dès sa naissance en 1974, le sort de la violoniste donc, cheffe d’orchestre et professeure, était scellé. Souplement interrogée par Émilie Munera, elle déroule le fil de sa carrière et égrène ses convictions dans de Grands entretiens, sur France Musique. Encouragée par des parents mélomanes, elle s’inscrit au conservatoire de Caen, reçoit les enseignements de la claveciniste et cheffe Emmanuelle Haïm et du musicologue Alain Poirier. « Ils étaient mes déesse et dieu, lance-t-elle. Quand ils ont été nommés au Conservatoire de Paris, je les ai suivis. » Elle s’ouvre grâce à eux à la musique ancienne, à une époque où « faire du baroque n’était pas un plus ».
Cette femme résolument de gauche dit avec simplicité les embûches sur son chemin. « On m’a assuré : “Soit tu es soliste, soit tu fais de l’orchestre” — ce qui, malgré ma grande naïveté d’alors, m’apparaissait absurde ; puis on m’a affirmé : “Tu ne peux pas jouer et diriger, ni avoir une vie privée et faire carrière.” » Elle a prouvé le contraire, galvanisée par sa collègue et mentor Emmanuelle Haïm. « Si tu veux diriger, tu décides que tu es cheffe et tu dis “je suis cheffe”, m’a-t-elle lancé. Elle m’a fait le dire plusieurs fois, au début je n’y arrivais pas ! » La musicienne évoque aussi le sexisme du milieu ou les difficultés financières de ses élèves. Délivrant une parole franche, nette, revigorante.